Monastères espagnols qui vous couperont le souffle

Comme disait Fray Luis de León: “¡Qué descansada vida la del que huye del mundanal ruido, y sigue la escondida senda por donde han ido los pocos sabios que en el mundo han sido!” (Comme la vie est reposée pour celui qui fuit le bruit du monde, et suit le chemin caché par lequel sont partis les quelques sages qui ont été dans ce monde!). Dans son «Oda a la vida retirada» (Ode à la vie retirée), le poète augustinien faisait l’éloge de quelque chose qui, au XXIe siècle, semble plus nécessaire que jamais: la nécessité de s’éloigner du rythme effréné de la vie quotidienne, objectif réalisable, quoique fugace, entre les murs des monastères espagnols.

En Espagne, il y a des centaines de monastères qui ont surgi avec les débuts du christianisme et qui ont trouvé un terrain fertile pour s’étendre de la main de diverses ordres (des cisterciens aux mendiants ou aux chartreux). Beaucoup d’entre eux sont de véritables trésors architecturaux. D’autres sont accompagnés de légendes ou du passage de personnages célèbres à travers leurs cloîtres. Certains impressionnent par leur apparence de palais, tandis que d’autres sont plus superficiels; il y en a dans la ville et à la campagne. Mais tous répondent à une exigence fondamentale: ils apportent la paix et la tranquillité à la fois à ses habitants et aux visiteurs qui poursuivent leur propre Beatus Ille.

Aujourd’hui, nous nous concentrons sur ceux qui sont plus séparés des centres urbains, qui nous transportent dans une autre dimension grâce à leur tranquillité. Certains de ces refuges sont situés sur le Chemin de Saint-Jacques de Compostelle, leur visite est donc une excellente excuse pour s’arrêter pendant une étape et s’immerger dans un esprit de contemplation artistique, personnelle ou spirituelle.

Monastères espagnols: Santes Creus

Monasterio de Santes Creus, Monasterios españoles
Monasterio de Santes Creus (Tarragona)

Fondé au XIIe siècle par l’ordre cistercien, ce magnifique monastère de Tarragone illustre les idéaux de pureté et de simplicité de ce courant religieux. Ici sont enterrés Pedro III d’Aragon et un de ses enfants, Jaime II, ce qui crée un ensemble intéressant dans lequel les chambres des moines coexistent, comme la salle capitulaire ou la Chapelle de l´Asunción, avec le Palais Royal. Son magnifique cloître gothique, le premier de ce style dans la Couronne aragonaise, est un arrêt essentiel. Il contient des images de l’Annonciation, des tombes murales des membres de la noblesse catalane et une grande œuvre sculpturale qui contraste avec l’austérité du reste des pièces. Bien qu’il n’ait plus de vie monastique, Santes Creus est l’un des monastères espagnols qui méritent bien une bonne promenade.

Monastères espagnols: Las Huelgas et Miraflores

Monasterios españoles, en este caso el de las Huelgas
Monasterio de Las Huelgas (Burgos)

Ces deux abbayes de Burgos sont parmi les plus célèbres monastères espagnols, et pour plein des raisons à épargner: ce sont deux beaux ensembles situés à la périphérie de la ville de Burgos que vous ne devriez pas rater, surtout si vous voyagez par le Chemin Français de Saint-Jacques de Compostelle. Las Huelgas, promue par la reine Leonor Plantagenet comme monastère féminin, possède les plus anciens vitraux d’Espagne et un magnifique cloître roman, ainsi que la meilleure tapisserie almohade conservée: le Pendón de las Navas de Tolosa.

Cartuja de Miraflores en Burgos
Cartuja de Miraflores (Burgos)

La Cartuja de Miraflores est, quant à elle, l’un des meilleurs exemples de gothique isabelino et lieu de repos de Juan II et Isabel du Portugal. Ce monastère fait tomber amoureux à tout le monde dès le début, éblouissant le visiteur par son portique, ses vitraux flamands et ses impressionnantes tombes en albâtre.

Monastères espagnols: Suso et Yuso

Monasterio de San Millán de Suso de La Rioja
Monasterio de San Millán de Suso (La Rioja)

Suso et Yuso sont à peine séparés de 3 kilomètres – ils sont, littéralement, le monastère “d’en haut” et celui “d’en bas” en vieux castillan – mais tous deux contiennent de nombreuses attractifs et une riche histoire qui les a consacrés comme monuments du patrimoine mondial. Suso, fondée par San Millán au VIe siècle, il fut le premier à être construit. Les éléments mozarabes, qui sont également accompagnés de vestiges wisigothiques et pré-romans, témoignent de son ancienneté. Le monastère est célèbre pour être le lieu où furent écrites les célèbres «Glosses emilianenses» qui auraient pu donner naissance aux langues romanes et à la langue basque, mais aussi il faut signaler les sarcophages des sept infants de Lara et des trois reines de Navarre, ainsi que les anciennes grottes du monastère.

Monasterio de San Millán de Yuso de La Rioja
Monasterio de San Millán de Yuso (La Rioja)

A Yuso – l’endroit où, selon la tradition, les restes de San Millán se sont arrêté parce que les bœufs ne pouvaient pas porter plus la charge – vous y trouveres des endroits de grande beauté de toutes sortes de styles artistiques: du roman de la structure principale à la Renaissance du cloître bas, en passant par le Baroque du Salon des Rois, où les Glosses ci-dessus mentionnés sont conservées. Si vous visitez ce monastère bénédictin, qui a été construit au XIe siècle par le roi García III de Navarre, vous pouvez passer la nuit dans sa belle auberge. Ne partez pas sans passer par le Salón de la Lengua, décorée des boucliers et des drapeaux de tous les pays hispaniques et ornée d’une statue de Gonzalo de Berceo, notaire de cette abbaye du Chemin Français.

Monastères espagnols: San Juan de la Peña

Monasterio españoles, de San Juan de la Peña en Huesca
Monasterio de San Juan de la Peña (Huesca)

Celui de San Juan de la Peña est l’un des monastères espagnols les plus authentiques en raison de son emplacement. Située sous un rocher qui la recouvre, cette abbaye de Jaca fondée vers le Xe siècle fut la plus importante d’Aragon tout au long du Moyen Age (on y enterre divers monarques aragonais et navarrais comme Sancho Ramírez ou Pedro I). La visiter, c’est se fondre dans les Pyrénées aragonaises comme le fait le monastère, premier lieu de la péninsule où fut introduite la liturgie romaine et objet de légendes comme celle du Saint-Graal. Les amateurs d’art apprécieront les beaux chapiteaux de son cloître et les arches avec du taqueado si caractéristiques de cette région. Si vous êtes en train de terminer le Chemin Aragonais, n’oubliez pas de le marquer sur la carte.

Monastères espagnols: Veruela

Monasterio de Veruela en Zaragoza
Monasterio de Santa María de Veruela (Zaragoza).

Toujours en Aragon, se trouve un autre monastère fondamental: celui de Veruela, dont l´écrivain Gustavo Adolfo Bécquer avait dit qu’il était «aussi grand et imposant que la plus imposante et la plus grande de nos cathédrales». Dans cette abbaye cistercienne du XIIe siècle, où le poète a séjourné pendant de longues périodes, vous trouverez un musée contemporain complet et un espace dédié aux deux frères Bécquer. N’oubliez pas de faire une promenade dans le magnifique cloître du monastère ou de connaître le sépulcre Renaissance de la Chapelle de San Bernardo. Un plan idéal pour les amoureux du romantisme et de la nature.

Monastères espagnols: San Juan de Caaveiro

Monasterio de San Juan de Caaveiro de La Coruña
Monasterio de San Juan de Caaveiro (La Coruña)

Nous concluons notre promenade à travers les monastères espagnols les plus charmants avec cet ensemble situé dans les Fragas do Eume à la province de la Corogne. Déclaré Monument Historique Artistique, San Juan de Caaveiro fut fondé au Xe siècle par San Rosendo pour rassembler les anachorètes qui vivaient dans la région. Du monastère bénédictin il est passé à collégiale augustinienne, en conservant son influence jusqu’au XVIIIe siècle. Bien qu’il n’y ait aujourd’hui que ses ruines, le monastère mérite une visite pour son abside romane, sa tour baroque et les vues pittoresques sur la vallée qui peuvent y être appréciées.

Nous savons qu´en Espagne il y a plein de monastères d’une beauté incontestable, alors dites-nous dans les commentaires si vous en ajouteriez un de plus à cette liste.

Texte: Marta G. Coloma


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