Continuons notre parcours parmi le patrimoine de l’Aragon, cette fois-ci, nous voulons présenter quelques uns des monastères les plus importants de la communauté. L’Aragon possède un réseau important de monastères crées aux temps lointains de la domination des Visigots et établis par la force dès les premières années de la reconquête, moment où ces constructions jouèrent un rôle prépondérant dans le développement de bien des lieux de cet Aragon primitif, car ils s’en constituèrent comme les garants principaux de l’ordre social et économique. Nés dans bien des cas, sous l’auspice de rois ou de puissants seigneurs, la vie de ces centres spirituels et politiques dégénéra depuis la splendeur des premières années jusqu’à la décadence et l’abandon que subirent bon nombre d’entre eux au XIXe puis vers une certaine régénérescence au cours du siècle passé.
Cette imposante masse de pierres de style roman est située en pleine vallée de Hecho, étant le monastère aragonais situé le plus au nord. Son origine visigotique est certifiée par des documents datés de 833, par les quels le Comte Galindo Garces fait don des terres où il se trouve. Son histoire est liée au Saint Grial qui dit-on aurait séjourné entre ses murs avant d’être transféré à Valence. Pour toutes ces raisons et bien d’autres encore sa visite est obligatoire pour quiconque pénètre dans la valle de Hecho.
Composé de deux corps différenciés, le monastère de San Juan de la Peña est l’un des principaux points de repère touristique de la province de Huesca, comme de l’Aragon en général. Une grande partie de son charme provient de sa situation dans un paysage que Miguel de Unamuno décrivit comme «la bouche d’un monde de rochers revêtu d’un bois de légende». Sa première origine remonterait au XIe siècle où il aurait servi de lieu de retraite de moines ou d’ermites. Au XVIIIe un incendie obligea au déplacement de la communauté et aux travaux du Monastère Nouveau qui commencèrent alors. De l’ensemble se détachent le cloître de l’ancien monastère et le panthéon royal où reposent les restes de plusieurs rois aragonais.
Situé en plein centre de la contrée de la Ribagorza, ce monastère fut fondé au XIe siècle par des maîtres lombards dans un lieu où résidait une nombreuse communauté de moines formée au IXe siècle. Dès le début de son histoire, ce monastère se singularisa par sa présence en un lieu isolé et de grande valeur naturelle, ce qui lui permit de se situer comme l’un des centres principaux de pouvoir de la contrée. Sainte Marie de Obarra subit des périodes d’abandon et de détériorations à partir du XIXe siècle, jusqu’à ce que vers les années soixante du XXe siècle, des travaux de réhabilitation commencèrent. Sont particulièrement intéressants le cloître et des fonts baptismaux visigots.
C’est à Villanueva de Sigena dans les Monegros que se trouve ce monastère cistercien érigé sur l’ordre de la reine Sancha de Castille au XIIe siècle et occupé dans ses débuts par des religieuses de l’ordre de Saint Jean de Jérusalem. Pendant la guerre civile espagnole l’endroit fut saccagé et en partie détruit, ce qui provoqua la disparition de bon nombre de peintures et d’œuvres d’art qu’il contenait. Les fresques de sa salle du chapitre furent transportées au musée d’Art de Catalogne où on peut les admirer. Une restauration vers la fin du XXe siècle a permis de recomposer une partie des éléments abîmés.
Le monastère royal de Sainte Maríe de Veruela est l’une des principales attractions touristiques de la province de Saragosse. Son histoire remonte au XIIe, quand il fut construit selon les canons de la règle du Cister pour en devenir l’un des principaux monastères d’Aragon. Suite à la confiscation de 1835, pour éviter son abandon et sa détérioration il fut transformé en centre hôtelier. De sorte que le monastère de Veruela devint le gite de personnages illustres entre les quels les frères Becquer, qui trouvèrent entre ses murs une source romantique d’inspiration pour leurs œuvres respectives, Dans un fragment de Lettres depuis ma cellule, Gustavo Adolfo Becquer découvre l’église du monastère comme «quelque chose de si grand et de si imposant comme la plus imposante de nos cathédrales».
C’est sans aucun doute le lieu qui attire le plus les touristes en Aragon. Construit à la fin du XIIe siècle près de Nuevalos, à côté de Calatayud il fut occupé par des moines venant de Poblet. De nos jours ce monastère est en ruines, quoique on peut en visiter le cloître, l’église et la salle du chapitre. Mais ce qui attire le plus, c’est le Parc Naturel du Monastère de Piedra, un espace extraordinaire articulé autour des cascades et formations géologiques que fomente la rivière Piedra à son passage. C’est aussi un lieu d’éphémérides: c’est là qu’en 1534 fut préparé le premier chocolat et qu’en 1867 commencèrent les travaux de construction de la première usine de pisciculture espagnole, toujours active.
L’histoire de ce monastère commence au moment de la cession de la ville de Escatron à une communauté de moines par le roi aragonais Alfonso II. D’où la construction d’un nouveau monastère en 1202. Comme toujours, ce monastère vécut des périodes de splendeurs jusqu’à son abandon au XIXe, par suite de la Confiscation de 1835 de Mendizabal. À la fin du XXe, il fut l’objet d’une restauration exhaustive qui lui a donné son aspect actuel. De nos jours, c’est une hôtellerie.
Le plus jeune des monastères de cette liste fut construit entre les XVI et XVIIe siècles, occupant le site d’une église gothique du XIIIe. Situé dans la localité de Estercuel, dans la contrée de Andorra – Sierra de Arcos, c’est l’un des principaux édifices de ce style de toute la province de Teruel. Son bon état de conservation est patent ainsi que la beauté de son ensemble architectural, du probablement au fait de sa condition de monastère en activité, et aux travaux de restauration de ces dernières décades. Actuellement il héberge une hôtellerie.