Maintenant que nous avons terminé notre parcours à travers des provinces de Saragosse et Teruel, en España-Espagne, nous irons vers Huesca pour compléter notre révision particulière des principales forteresses d’Aragon. La province de Huesca possède un catalogue de châteaux à tenir en compte, la plus part d’entre eux remontant aux origines de la reconquête. Dans les Comtés historiques d’Aragon: Sobrabe et Ribagorza sont témoins de la construction des premières fortifications défensives qui au fil des ans et à mesure que les chrétiens avancent vers le sud, ces constructions s’agrandissent et gagnent en importance ainsi que leur influence s’étend sur les terres de la plaine de la province. Durant ces premiers temps de la reconquête, les châteaux de Huesca suivent une typologie basée sur l’idée Forteresse-Eglise qui en temps de paix évolue vers un nouveau schéma de château- palais plus propre à une société seigneuriale établie au XIVe siècle. Par la suite, de nouvelles menaces provenant cette fois ci depuis le nord des Pyrénées provoqueront un nouveau retour à la forteresse défensive qui se multipliront dans les terres les plus septentrionales de la province pendant le règne de Felipe II.
Le château de Loarre est probablement le plus connu d’Aragon, étant de plus le monument le plus important de son style dans toute l’Espagne. Il est fréquemment considéré comme la forteresse romane la mieux conservée d’Europe, ce qui en fait l’un des meilleurs exemples d’architecture civile romane que l’on peut visiter actuellement. Depuis sa situation privilégiée, le château de Loarre domine une bonne partie de la «Hoya de Huesca» ce qui nous permet de bien comprendre son rôle stratégique dans l’expansion historique du règne d’Aragon vers les terres méridionales au cours du XIe siècle. Une fois les terres de la province pacifiées, la population qui vivait aux pieds du château alla installer dans la plaine l’actuel village de Loarre. Le château de Loarre redevint d’actualité lorsque le directeur de cinéma Ridley Scott vint y tourner plusieurs scènes du film Le Royaume des Cieux.
Adossé actuellement à la partie la plus occidentale de la Plaza Mayor du village, le château de Ainsa fut construit au cours du XIe siècle, faisant partie de la ligne de contention du “Sobrarbe” face à la population musulmane installée au sud. Plus tard, en plein XVIIe, la politique défensive de Felipe II face à de possibles invasions françaises fit renforcer les structures primitives de l’ancienne forteresse. À partir du XVIIIe, un abandon progressif toucha le château bien qu´au cours du XIXe il servit de fort militaire à plusieurs reprises. L’apparence actuelle de la forteresse est le résultat des restaurations successives effectuées au long de sa vie séculaire, comptant particulièrement les sections érigées pendant le XVIIe. Nous en signalons la muraille sud au chemin de ronde transitaire. De plus, le château de Ainsa est le siège du Musée écologique de la Faune de la Fondation pour la Conservation du gypaète barbu (vautour casseur d’os), ainsi que du bureau du tourisme de la région. Dans la Cour d’Armes, chaque année a lieu le Festival du Château de Ainsa.
A quelques kilomètres seulement de Huesca et de la route à Barbastro, entre les villages de Loporzano et Quicena, le château de Montearagon fut une pièce maîtresse pendant la reconquête car c’est là que s’organisa la prise de Huesca. Fondée par le roi Sancho Ramirez qui s’y installa et célébra les réunions des « cortes » dans ses appartements jusqu’à sa mort en 1094. Après la conquête de Huesca, le rôle militaire du château perdit de son importance croissant au contraire une nouvelle orientation religieuse. Au XIXe siècle, le désamortissement de Mendizabal, un incendie qui affecta gravement ses installations provoquèrent le déclin de l’ensemble qui cependant fut déclaré Monument National en 1931. Actuellement le château de Montearagon est partiellement en ruines. Quelques pans de sa muraille, le donjon et la tour de Albarra sont encore en bon état de conservation.
La forteresse primitive d´Alquézar fut construite sur l’ordre de Jalaf Ibn Rashid comme défense contre les groupes chrétiens du nord. En 1067, le village est pris par Sancho Ramirez devenant ainsi une forteresse chrétienne face aux musulmans. C’est le moment où fut construite la chapelle royale de Sainte Marie, dotant cet édifice du double rôle classique: église-forteresse. L’aspect actuel de l’ensemble est du aux réformes successives des siècles suivants qui en ont fait le symbole absolu du village. Son profil, adossé à une hauteur de terre rougeâtre à une extrémité du village est sans doute l’icône d´Alquezar et de la région du Somontano.
Connue aussi sous le nom de Château de San Pedro, la Citadelle de Jaca fut construite à l’origine par Felipe II pour faire partie de la ligne défensive contre de nouvelles incursions françaises comme celle que subit la vallée du Tena en 1592.L’architecte de la fortification fut l’italien Tiburzio Spanocchi qui suivit la ligne habituelle des constructions défensives de l’époque. C’est donc un ensemble d’édifices centrés sur une grande cour protégés par de grosses murailles sur un plan en forme de pentagone et soulignées d’un profond fossé (où actuellement vit une communauté de cerfs). Entre les dépendances intérieures, la chapelle de San Pedro, de style baroque et un curieux musée de miniatures militaires. Les zones de jardins qui entourent le château sont un des points de réunions des plus fréquentés de la ville.
Juché sur une colline, le château de Monzón préside le village. Il est visible depuis n’importe quel recoin de la ville. Édifié au Xe siècle au temps de la domination musulmane, cette forteresse passa aux mains chrétiennes en 1085 après qu’elle ait été conquise par Sancho Ramirez. Le testament de Alfonso I el Batallador (le batailleur) nomme l’Ordre du Temple comme propriétaire du château, d’où toute une époque de splendeurs comme chef lieu d’un vaste domaine. Sous les Templiers, ce château fut témoin d’évènements importants comme l’educatión du jeune roi Jaime I. Après la disparition de l’Ordre, le château de Monzon passa par plusieurs seigneurs ce qui fut le début de son déclin. Son aspect d’aujourd’hui est l’œuvre de plusieurs restaurations effectuées au cours des siècles et qui nous ont légué des espaces aussi intéressants que sa salle du chapitre, le donjon, la tour de Jaime I, l’église de San Nicolas et les écuries.
Ce château très particulier fut construit aux débuts du XIe siècle par des maitres lombards venus depuis l’autre côté des Pyrénées sur un promontoire escarpé de 1004 m de hauteur. C’est là l’un des premiers exemples de forteresse romane de l’ancien comté de Ribagorza. Son état de conservation est remarquable, pour tous les éléments qui nous sont restés. Entre tous, sa tour circulaire de presque cinq mètres de diamètre et dix huit de hauteur. Tout près d’elle, la chapelle de Santa Cilia dont le clocher semi cylindrique fut pensé à l’origine pour être une autre tour. Divers pans de murailles survivent de l’ensemble original.