Le vieux village de Belchite, à Saragosse, est l'un des coins enchantés et moins connus d'Espagne dont la valeur historique a survécu jusqu’à nos jours et sa visite touche profondément tous ceux qui vont le visiter. On le connait également comme la ville fantôme de la guerre civile, dévastée lors de la bataille de Belchite. Les survivants des bombardements continuels qui y eurent lieu furent transférés dans une ville voisine, surnommé Belchite Nuevo, ou Nouveau Belchite.
Ainsi, le vieux village de Belchite conserve intactes les ravages d'une guerre dans laquelle les deux parties contribuèrent à sa dévastation. De cette façon, l'ancienne cité de Belchite s’est maintenue jusqu'à ce jour comme un souvenir indélébile des conséquences du siège, des bombardements et des coups de feu que la ville reçut au cours desquels plus de 5 000 personnes ont perdu la vie.
Convoitée par le front républicain, Belchite fut le centre de l'une des plus célèbres batailles de la guerre civile. Elle commença le 24 août de 1937. Cette bataille s'inscrit dans le cadre de l'offensive de l'Armée populaire de la République sur Saragosse.
Les nationaux, qui dominaient le village, attendaient l'offensive républicaine, avec plus de 3 000 combattants bien pourvus de mitrailleuses et de mortiers pour défendre la ville. Ainsi, les troupes révoltées s’étaient préparées à résister à un long siège. Cependant, l'armée républicaine décida d’attaquer la ville sans délai, car elle n’avait pas de temps à perdre. De cette façon, les combats avancèrent rue par rue. L'eau fut coupée pour les personnes assiégées et, à mesure que les combats progressaient, le manque de nourriture et de fournitures médicales devint angoissant.
La XVe Brigade internationale participa aussi à l'offensive républicaine et pour les troupes de Franco, c’en était de trop. Le 31 août, la brigade réussit à atteindre la fabrique d’huile locale. L'aviation républicaine bombarda la zone urbaine un jour plus tard. La rue Mayor fut le théâtre de nombreux combats. Bien que le 4 septembre le Conseil Municipal et l'église de San Martín de Tours continuaient à résister, le lendemain, les forces républicaines prirent l’église.
Malgré la résistance de Belchite, le village fut presque totalement dévasté. À la fin de la guerre, le régime de Francisco Franco ne voulut pas reconstruire Belchite mais en créer un nouveau à côté que l’on connait aujourd'hui sous le nom de Nouveau Belchite. Les ruines sont restées comme un souvenir de la guerre civile, connues sous le nom de Vieux Village de Belchite.
Le village fantôme de Belchite résiste comme le souvenir d'une guerre sanglante, comme un événement du passé qui ne peut pas, qui ne doit pas être répété. La vieille ville de Belchite peut être visitée après avoir contacté pour une visite guidée, également disponible de nuit.
Les ruines de Belchite vous produisent des frissons. Les maisons s’écroulèrent sous les bombardements et les balles. Ni les églises, refuges des gens, espérant échapper aux massacres se sauvèrent. Ils n’y eurent que flammes et cendres.
Aujourd'hui, une promenade dans les rues du vieux Belchite, vous met face aux maisons détruites, aux églises sans toiture... Chaque pas vous montre une nouvelle ruine causée par les avions de guerre. Sans aucun doute, une expérience accablante.
Considéré comme l'entrée principale de Belchite, l'Arco de la Villa dirige les visiteurs vers la rue Mayor. Bien qu'on ne sache pas exactement quand il fut érigé, on pense qu'il date du XVIIIe siècle. Il est de style baroque-mudéjar.
Cet édifice en brique se dresse sur la place de l’église, avec à sa gauche les ruines du couvent de San Rafael. De style gothique-mudéjar, c'était autrefois l’église paroissiale principale de Belchite. Elle fut construite dans la première moitié du XIVe siècle. Le style mudéjar est visible dans son abside polygonale et dans la tour du minaret almohade.
Plus tard, au XVIe siècle, quelques agrandissements y furent effectués. Dans la nef, la galerie traditionnelle aragonaise fut recréée, ainsi que les chapelles latérales du XVIIe siècle. La façade monumentale date du XIX. Le duc de Híjar a été enterré dans la crypte. Il y a quelques années, on a découvert que le cercueil était vide.
Natalio Baquero fut l'un des derniers habitants à quitter le vieux village de Belchite. Il écrivit cette célèbre coplilla trouvée sur la porte de cette église:
«Vieux village de Belchite / Tu ne seras plus visité par les jeunes gens/ Les jotas ne sonneront plus jamais ici / Celles que nos parents chantaient »
Le couvent de San Rafael fut construit au XVIIIe siècle et appartenait aux Dominicains de San Rafael. Pendant la guerre, il subit des dommages importants.
Située au centre du village, on la connaissait comme la tour de l'horloge, car une horloge était située au sommet de la tour qui informait les habitants. La tour de l'horloge est ce qui reste de l'église de San Juan. Elle fut construite en style mudejar entre les XIV et XVe siècles.
Bien qu'il ait été gravement endommagé pendant la guerre son aspect monumental le fait encore remarquer. Il appartenait à l'ordre des Ermites Augustins, qui s’installèrent à Belchite à la fin du XVIe siècle et y restèrent jusqu'au XIXe. Vous pouvez y voir les formes et les styles typiques du baroque et du néoclassicisme et, comme le reste des édifices de la ville, il fut construit en brique.