43° 23′ 36″ N, 4° 6′ 17″ W
Malgré son nom, Santillana n’est pas au bord de la mer, mais la région si l’est, car elle se trouve située sur la côte occidentale de Cantabrie. C’est la ville la plus proche des Grottes et Musée de Altamira et c’est un Ensemble Historique – Artistique de belles demeures médiévales et baroques que Jean Paul Sartre a qualifié comme «le village le plus beau d’Espagne».
Dans cette petite ville médiévale, se promener en flânant est une expérience inoubliable. Il faut voir la Collégiale de Santa Juliana, le Palais des Belardes, La Maison des Tagles et les grottes d’Altamira toutes proches. Vous pouvez y passer la journée ou plus selon votre goût pour le détail. Pour compléter l’escapade, il est possible d’aller à l’est pour connaître les belles plages et la ville de Santander ou prendre la route opposée pour voir la ville moderniste de Comillas et le Parc Naturel de Oyambre qui est à côté. Pour connaître les possibilités gastronomiques et les meilleurs hébergements, visitez notre section Dormir et Manger à Santillana del Mar.
La grotte proche d´Altamira dont les parois sont revêtues de peintures rupestres extraordinaires du Paléolithique Supérieur démontre que Santillana del mar est située dans une zone peuplée depuis plus de quinze mil ans.
Beaucoup d’historiens identifient Santillana del Mar avec l’antique ville cantabre de «Concana» – d’autres historiens la situent à Liébana – Mais ce dont on a la preuve est que par cette ville passait la chaussée romaine qui unissait les ports côtiers de Portus Verasueca (San Vincente de la Barquera), Portus Blendium (Suances), Portus Victoriae (Santander) et Portus Amanum, plus tard Flaviobriga (Castro Urdiales).
Pendant l’invasion musulmane, le village s’appelait Planes, et on y déposa les reliques de Santa Juliana, martyre chrétienne des débuts du IVe siècle. Pour héberger cette relique, on construisit au IXe siècle une abbaye qui dépendait directement de la couronne Astur. Peu après la création de ce monastère, le nom de Planes tomba dans l’oubli et fut remplacé par celui de la sainte qui avec le temps dériverait en Santillana.
Les rois asturiens et les comtes castillans continuèrent à protéger le monastère qui devint une Collégiale. Un fuero (acte légal) du roi Alfonso VIII de Castille concéda à la ville le titre de «abadengo», soit de ne dépendre que de son propre Abbé.
Au XVe siècle, l’intrépide chevalier médiéval et poète don Iñigo de Mendoza fut nommé marquis de Santillana par le roi castillan Juan II, recevant avec le titre la juridiction sur la ville. Ses descendants, les ducs de l’Infantado conservèrent ce privilège jusqu’à la suppression des seigneuries en 1837, malgré le fait que depuis la fin du XVIe, les nouvelles vallées contrôlées par la Maison de l’Infantado étaient passés en réversion à la couronne, ce qui signifie que la ville de Santillana del Mar se trouva isolée et confinée sur elle-même.
L’église collégiale de Santa Juliana dans une vieille photo.
La rareté de constructions importantes correspondant aux dernières décades du XVIe et la plus part du XVIIe démontrent la décadence de Santillana del Mar. Vers la fin du XVIIe la ville connaîtra à nouveau une période de splendeur, surtout au XVIIIe avec le retour des «indianos» (espagnols ayant fait fortune aux Amériques) qui construisirent de magnifiques demeures.
Le XIXe siècle est de déclin total pour la population, mais au cours des vingt cinq dernières années de ce siècle, le retour des indianos redonna vie au village, de même que la présence d’écrivains comme Amos de Escalante et Benito Perez Galdos et certains membres importants de la bourgeoisie madrilène qui restaurèrent d’anciennes demeures pour y passer les étés. Ce début de tourisme s’accrut prodigieusement après la découverte des peintures rupestres des grottes d’Altamira en 1879.
Au XXe siècle, le philosophe et écrivain français Jean Paul Sartre dirait d’elle dans son roman « La Nausée »(1938) que «c’est une véritable relique dans la vie de l’homme».
Dès 1889, Santillana del Mar fut nommée Ensemble Historique-Artistique et les restaurations effectuées par le comte Güell (petit fils de Antonio Lopez, premier marquis de Comillas) en 1927 firent que les rues de Santillana ont conservé pratiquement intacte leur aspect du XVIe siècle.
La vieille ville suit un tracé en forme de Y grecque composé par la rue Velasco vers Santo Domingo d’où partent deux bras, l’un en direction de la Collégiale et l’autre vers la Plaza Mayor, du Marché ou de Ramon Pelayo où a lieu le marché des samedis.
Nous commencerons notre parcours depuis la Collégiale de Santa Juliana, romane du XIIe siècle avec quelques rajouts postérieurs, et qui fut déclarée Monument National. En forme de basilique à trois nefs terminées en absides semi circulaires elle suit les modèles romans du Chemin de Saint Jacques. Le portail roman primitif dont certains éléments sont conservés à l’intérieur de l’église (le Pantocrator, Santa Juliana…) fut remplacé après la construction du clocher au XIIIe. La sacristie conserve un important trésor d’orfèvrerie. Le cloître du XIIIe est le seul de l’époque romane qui reste en Cantabrie et possède une grande richesse et variété, dans la décoration des chapiteaux avec des représentations humaines de l’ancien et du nouveau testament et d’autres relatives à la vie de l’époque comme «la bienvenue de la dame au chevalier».
Sur la place de la Collégiale, le Musée Jesus Otero présente une exposition permanente de ce sculpteur natif de la ville. En face se trouve la Maison de l’Archiduchesse d’Autriche ou Maison des Abbés (XVIIe), et tout près le Palais des Velarde (XV-XVIIe), un édifice de transition du gothique à la renaissance.
Nous indiquerons quelques exemples de demeures anciennes parmi toutes celles qui mériteraient d’être citées. À côté de l’abreuvoir ancien qui est conservé, nous voyons la Maison de Cossio et la Maison Quevedo, toutes les deux de la fin du XVIIe. Dans cette dernière, la tradition veut qu’on y boive un verre de lait de vaches du village avec un biscuit.
En suivant par la rue du Rio (anciennement Rua del Rey), nous trouvons la Maison des Villa de style baroque, connue aussi comme la « Maison de los hombrones » à cause des guerriers imposants qui encadrent l’écusson sur le quel on peut lire « Un beau mourir est honneur de la vie ». Autre demeure significative est la Maison de Leonor de la Vega (XV-XVIIe) qui selon la tradition aurait été la maison de la mère du premier marquis de Santillana.
Autour de la Plaza Mayor se concentre l’architecture civile: la Tour de Don Borja, adossée à d’autres édifices, propriété de la Fondation Santillana est gérée par la Mairie de Santillana comme scène de festivals et réunions culturelles. La Tour de Merino (XIVe) fut la résidence du Merino (symbole du pouvoir seigneurial qui termina par s’imposer au pouvoir ecclésiastique de l’Abbée et qui était nommé par le duc de l’Infantado) Construite en pierres de tailles, avec son arc d’ogive lui donnant accès, elle conserve tous les éléments défensifs: meurtrières, machicoulis et créneaux. De l’autre côté de la place, la Maison del Aguila (XVIIe), et la maison de la Parra (XVIe), toutes deux reconverties en centre culturel. De même le Palais des Barredas est devenu de nos jours le Parador National Gil Blas.
Rue menant à la Collégiale.
Plus modernes sont toutes les demeures que construisirent les “Indianos” à leur retour d’Amérique et qui composent la Santillana baroque. Elles ont généralement une façade de pierres de tailles avec de grandes entrées. Parfois avec un porche à arc en plein cintre, agrémenté de balcons de fer forgé et au centre de la façade (en angle parfois) le grand écusson baroque des armes de la famille. Caractéristique de cette époque aussi sont les balcons filants et les oeils de bœuf sur les façades.
Une fois traversée la route qui mène au village se trouve le Musée du Diocèse dans le couvent Regina Coeli de l’ordre des Clarisses. En dehors est le Couvent de San Ildefonso fondé en 1667, où est conservé un crucifix d’ivoire du XVIe. Par le tour du couvent vous pourrez acquérir les pâtisseries typiques élaborées par les religieuses dominicaines.
Près deChamp de Revolgo, lieu des joutes médiévales, se trouve la maison des Tagle dont nous recommandons la visite car elle conserve tout le mobilier et les effets de l’époque, en plus d’archives importantes.
Cette visite de Santillana del Mar, demande du temps pour flaner, regarder chaque balcon, maison, écusson, jardin… La ville entière est enchantement. Au cours de la promenade, vous trouverez des boutiques bien pourvues de tous les produits typiques de la Cantabrie, et malgré la grande prolifération des commerces pour le touriste, la ville de Santillana del Mar a maintenu cette magie qui émerveille le visiteur.
Coordonnées
43° 23′ 36″ N, 4° 6′ 17″ W
Distances
Santander 30 km, Comillas 16 km, Madrid 439 km