Jusqu’aux débuts du XIXe siècle les murailles médiévales de Barcelone suffisaient pour accueillir une ville en croissance; mais le début de l’industrialisation, les nouvelles usines et l’accroissement logique de la population les rendirent trop petites. Ce fut le cas du Raval. Ces nouvelles fabriques et les quartiers ouvriers commencèrent alors à envahir les villages avoisinants parmi les quels étaient Gracia, Sants, Sant Marti et Sant Andreu, qui rapidement devinrent des villes industrielles.

Gracia fut une cité industrielle indépendante de Barcelone entre 1856 et 1897 bien que d’origine agricole qui  avait surgi au XVIIe siècle autour du couvent des Josepets. En 1850 elle comptait 13.ooo habitants et 27 ans plus tard elle était montée à plus de 33.000. Cette croissance rapide de la population conduisit à  l’idée chaque fois plus nécessaire de s’intégrer à Barcelone, surtout lors du plan de développement urbain du Plan Cerda qui urbanisa le quartier de l’Eixample, en pleine expansion lui aussi. À partir de 1880 on commença à établir des projets d’intérêts communs comme le Paseo de Gracia unissant la cité à la capitale par l’ancien chemin. Quant l’union avec Barcelone fut faite en 1897, la construction d’équipements et de services se fit nécessaire (entre les quels, le Marché de la Libertad). Cette urbanisation parfois était à la charge des propriétaires terriens, d’où les changements de noms fréquents et la discontinuité physique de certaines rues et les places nombreuses,  une par propriété en général.

Fêtes « Mayores » de Gracia

Pendant bien longtemps, une forte présence gitane domina ce quartier, communauté de la quelle surgirent des artistes comme le «Pescailla» créateur de la rumba catalane. De nombreux artistes et bohèmes venus de  tous les horizons peuplent le quartier, vivant aux côtés de personnes âgées, ce qui lui donne un aspect fort éclectique.

Le tout premier attrait culturel et touristique de Gracia à Barcelone est le Parc Güell (ce qui lui a fait mériter une rubrique indépendante pour lui et la Sagrada Familia). Une fois visité vous pouvez  aller plaça Lesseps pour y voir la Casa Ramos (moderniste) de trois édifices conçus par Jaume Torres en 1906, unis par une seule façade d’une intense couleur jaune. Cet immeuble fut choisi par Pedro Almodovar pour y tourner «Todo sobre mi madre». Dans la cour, est érigé un petit temple moderniste.

De là, nous descendrons vers le quartier de Gracia par la carrer de Gran Gracia, qui prolonge le Paseo de Gracia et est un authentique étalage d’art moderniste : au 24 de la calle Carolines se trouve la Casa Vicens (1888), moderniste, orienté vers l’orient et le mudéjar. Ce fut la première commande importante que reçut Gaudi (à 32 ans). Sa façade de couleurs vives est recouverte de carreaux de céramique alternant avec les briques rouges. Les grilles métalliques représentent des formes végétales. Gaudi s’inspira pour ces dalles colorées des œillets d’inde qui poussaient dans la propriété introduisant ainsi la coutume  d’utiliser la nature comme modèle d’inspiration. Sur la Rambla del Prat, voisine, sur l’ancienne propriété La Fontana fut installée le Théâtre Bosc, transformé en salles de ciné de nos jours, dont la façade compte avec des masques sculptés par Pablo Gargallo qui représentent de grands génies de la culture catalane comme les peintres Pablo Picasso et Isidre Nonell, le docteur Jacinto Reventos et le sculpteur lui-même.

Maison Fuster

Les nombreuses places (15) qui s’ouvrent entre ses rues caractérisent Gracia par ces espaces de couleur, d’ombre et de soleil et qui forment des points de rencontre et d’échanges. Traversant la rue Gran de Gracia et prenant à droite par Manendez Pelayo, nous arrivons Plaça del Sol, centre ludique par excellence de ce quartier très animé avec ses nombreux bars cafés et terrasses où vous pouvez vous donner un moment de répit pour observer l’ambiance caractéristique du quartier. Si votre voyage coïncide avec les fêtes de Gracia vers la mi aout, vous en verrez les rues  toutes décorées. Le nom de la place est du à une sculpture: l’Astrolabi, une horloge solaire avec les douze signes zodiacaux dessinée par Joaquin Camps. La place fut ouverte en 1840 et servit de refuge anti aérien pendant la Guerre Civile. Baguenaudant par les ruelles voisines, vous y découvrirez mille commerces, boutiques et librairies où fouiner.

Prenant ensuite la travessera de Gracia, vous arriverez à la Plaza de la Vila de Gracia (ancienne Rius i Taulent) où vous trouverez le Marché de la Abaceria Central (1892). Les Halles, construit par l’industriel Puigmartl propriétaire de l’usine Puigmarti o Vapor Nou. Sa structure métallique et construction à  vue se distribue en trois nefs, la centrale, plus ample et haute, avec une toiture ovale de tuiles. Le Mercat de la Llibertat, qui occupe depuis 1888 l’espace de la plaza de la libertad. Cet élégant édifice moderniste consiste en une structure métallique et construction à vue abritant des espaces amples, hauts, diaphanes, distribuant ses postes de repas en trois nefs.

Descendant par Gran Gracia, vous arriverez á la Casa Fuster (1911), dernier édifice moderniste de Domenech i Montaner à Barcelone, mais représentant le modernisme le plus riche de la ville, unissant un petit air néo gothique avec un modernisme pur et contenu. Cet immeuble si simple est fait de matériaux parmi les plus couteux (marbre, verre et ardoise). Ce fut le cadeau du riche mallorquin Mariano Fuster à son épouse. Domenech i Montaner laissa son empreinte dans les caractéristiques colonnes rosées de la base, les fenêtres trilobées la décoration florale classique. Il créa l’édifice avec une fantastique combinaison de courbes et de droites. Deux façades planes se trouvent en coin avec une tour cylindrique occupée par des tribunes de verre et décorée de sculptures faisant penser à des nids d’hirondelles. Le dernier étage de style français et l’entrée élégante,(occupée longtemps par le Café Vienois) mettent le point final à un édifice parfait qui depuis 2004 loge un hôtel de luxe.

Le Parc de la Creueta del Coll, présidé par un grand monolithe de métal, compte avec des tables de ping pong, des zones de jeux et de pique nique, ainsi que une grande piscine publique peu profonde. On y verra aussi l’Éloge de l’eau, sculpture de ciment de Eduardo Chillida.

Si vous arrivez à avoir des entrées, nous vous conseillons d’assister à une représentation du Teatre Lliure (libre), considéré comme l’un de plus prestigieux des théâtres espagnols. À  Gracia, (Barcelone) vous trouverez aussi le Cine Verdi, où sont projetées des films artistique en version originale.

Finalement, lorsque vous aurez visité le quartier et profité de tous ces charmes, nous vous conseillons de poursuivre la visite de Barcelone par la prolongation de la rue Gran de Gracia, c'est-à-dire le Passeig de Gràcia. Cette voie qui servait autrefois à relier le village de Gracia à la vieille ville de Barcelone, est aujourd'hui une de ces voies plus importantes. Elle vous conduira jusqu'à la Plaza Cataluña en passant par certains des monuments plus emblématiques de Barcelone tels que la Pedrera et la Casa Batlló.