Allariz

La réalité et la magie se mêlent dans cette ville, qui concentre les légendes comme celle du loup-garou de Allariz, inspiré de la vie de Manuel Blanco Romasanta, psychopathe criminel souffrant de lycanthropie. Son histoire fut reprise sur le grand écran dans le film Romasanta. La chasse à la bête, du réalisateur Paco Plaza.

D’origine celte, Allariz a commencé son existence dans le castro qui domine le cours de la rivière Arnoia. Cependant, son nom date du 6ème siècle, quand le caudillo Alaric suève lui a donné son propre nom (en latin, Vila Alaricii).

Son emplacement stratégique en tant que centre de communication facile à défendre a conduit le roi Alphonse VI à ordonner sa fortification au 11ème siècle. Pour encourager l’afflux de colons, au cours du siècle suivant, la Couronne lui accorda une charte qui en a fit une Villa Real. Parmi les nouveaux colons, de nombreux Juifs y établirent un aljama hors des murs. Le roi Sancho IV appela Allariz “clé du Royaume de Galice”, une appellation qui est toujours valable. La tranquillité offerte à la Couronne par cette forteresse a incité à ce que le futur roi Alfonso X el Sage y soit élevé. Enfant il y apprit le gallicien-portugais, qu’il utilisera plus tard dans certaines de ses fameuses Cantigas.

Entre les XVIe et XVIIe siècles  les quatre  cruceiros (calvaires) de la Villa furent érigés, à une époque où la ville était touchée par de nombreuses épidémies dont la peste bubonique et ses citoyens  demandèrent au ciel de les protéger. Le couvent des Clarisses, qui avait subi un incendie, a également été reconstruit.

Aux XIXe et XXe siècles, il y eut le démantèlement du château et la disparition d’une grande partie des murailles, dont les pierres de taille furent réutilisées pour des édifices moins épiques.

C’est un vrai plaisir que de flâner pour voir tant de belles choses, dans les rues pavées et bien entretenues  du Quartier Historique  qui est  conservé en si bon état grâce à l’effort de restauration et de réhabilitation de ces dernières années,  qui lui ont valu le Prix Européen de l’Urbanisme en 1994. Dans son tracé typiquement médiéval, lié au Chemin de Compostelle  et entouré de forêts de châtaigniers, nous trouvons d’importants édifices religieux. Dans la partie haute du village se trouve le Campo da Barreira, une grande esplanade qui accueille les marchés des 1er et 15 de chaque mois et qui abrite une fontaine circulaire avec un arbre fasciculé en son centre, (œuvre de Ferro Caaveiro -1783 ). La place a comme limite le sanctuaire baroque de San Benito et le monastère de Santa Clara, fondé en 1268 par la reine Violante, épouse d’Alphonse X. Reconstruit au XVIIIe siècle, il possède le plus grand cloître baroque d’Espagne. Ici, les religieuses vivent dans une clôture stricte, il n’est donc pas possible de voir plus que l’église et le musée, qui contient deux pièces d’intérêt maximum: la Virxe Abrideira d’ivoire, et une croix de verre et d’émaux.

Au cœur de la vieille ville,  sur la Plaza de la Villa ou grande place avec sa fontaine à deux bouches donnent la mairie et l’église de Santiago. Commencée vers l’an 1119, c’est un exemple absolument typique du style populaire roman de Galice, avec une seule nef et une abside semi-circulaire, qui a la particularité de conserver complètement sa structure primitive. D’autres monuments  environnants sont le temple de Santa María de Vilanova, datant de la fin du XIIe siècle et qui, dès ses débuts, fut lié à l’Ordre de Malte, né pendant les croisades; l’église de San Pedro (XII-XVIII), dont ne reste du temple roman original que la chapelle principale; et  San Esteban du roman du douzième siècle  modifié en 1581, avec la construction de la tour.

À quelques 5 km du centre,  la basilique romane de Santa Marina de Aguasantas ou Augas Santas (XII-XIII siècle), attend votre visite. Déclarée site historique et artistique en 1963. Santa Marina appartenait à une communauté de chanoines augustins et constitue  tout un ensemble historique, artistique et de paysages attrayant où se mêlent histoire, tradition et légende. La tradition du lieu est née liée à l’existence et au martyre de Mariña, qui résista aux désirs du préfet Olibrio et finit par mourir décapitée,  trois sources naissant pour chacun des rebondissements de sa tête sur le sol. Le temple, construit à l’endroit où elle fut enterrée, se compose de trois nefs et de trois absidioles et son intérieur est éclairé par trois rosaces situées au-dessus du chevet. Comme curiosité, nous y trouvons le “four de la Sainte”, où la tradition dit qu’elle fut martyrisée.

En outre,  il y a à Allariz a un grand nombre de musées d’intérêt pour le visiteur tels que: le  Musée Iconographique, , qui est né grâce à la donation  du Dr Aser Seara (le musée est également le siège d’une fondation qui porte son nom) et présente des pièces d’art populaire religieux; le Musée du tissage “O Fiadeiro”, qui fait partie du parc ethnographique du village et présente dans son intérieur une seule pièce dans laquelle on peut observer le processus de fabrication des vêtements en lin et en laine, en plus d’y acheter des vêtements faits à la main de grande qualité. Le premier Musée Gallicien du Jouet,  qui grâce au don d’un voisin de la ville, compte plus de 700 pièces originales de 1900 à 1970; ou le dernier rajouté à la liste : la maison-musée Vicente Risco, qui présente une importante collection bibliographique, plastique et documentaire de l’homme politique et intellectuel galicien, ainsi que la reconstitution de son cabinet de travail.

À Requeixo de Valverde, à 3,5 km à l’est d’Allariz, se trouve l’Ecoespacio de Rexo, une zone dessinée par l’artiste basque Agustín Ibarrola, basée sur l’harmonie des éléments naturels  du paysage lui-même (tels que arbres, pierres, terre et eau) avec d’autres réutilisés et présents dans la culture galicienne (granit et dalles de  pierres). En plus de peindre plusieurs souches d’arbres, Ibarrola a placé une série de pierres peintes, parallèles au cours d’un canal d’eau où une mini-centrale électrique produit de l’énergie, montrant ainsi la trajectoire du soleil et de la lune dans le ciel. Dans le même environnement, une ferme-école, un centre d’éducation environnementale et une ferme pilote produisant le fromage de brebis salé d’O Rexo, l’un des plus caractéristiques et savoureux de la région, sont également intégrés.