Le flamenco est une expression artistique fruit de diverses cultures qui se sont rencontrées et qui se sont comprises, il est né et il s’est développé très petit à petit en Andalousie. Nous en avons des témoignages depuis la seconde moitié du XVIIIe, lorsque l’on a commencé à célébrer des fêtes et de réunions où le peuple gitan donnait précisément le ton. Cadix, Jerez de la Frontera ou le quartier de Triana à Séville, sont trois centres historiques et fondamentales pour apprécier l’histoire de ce genre, mais celui-ci peut aussi se trouver à Madrid.
Vers la moitié du XVIIIe siècle, autour de 1860, les cafés cantantes (cafés où l’on mettait en scène des spectacles populaires) ont commencé à proliférer, des précédents directes de actuels tablaos. Les chroniques de l’époque parlent de locaux d’ambiance scandaleuse, à un point que certains cercles de la société ont manifesté leur opposition au genre, en considérant qu’il était indécent. Quoi que ce soit, toute sorte de public se rendait dans ces recoins, avec une présence prominente des classes baisses et moyennes. Entre tous ils ont mené loin la flamencomanía, à un tel point que, à la fin du XIXe siècle, le flamenco était maître de la vie sociale de l’Espagne.
Madrid, comme on l’a dit, fut un des grands centres de flamenco à la fin du XIXe siècle et au début du XXe. Nombreuses grandes étoiles de l’époque ont décidé de déménager à Madrid pour grandir dans le ville « de la Cour ». C’est ainsi que les spectacles se sont multipliés. Dans les années 20, le Théâtre Pavón, situé autrefois et toujours dans la rue Embajadores, a créé la Coupe Pavón. Son but était donner une reconnaissance au talent des cantaores, augmenter leur prestige et d’approcher toujours plus ce genre au public.
Dans la première des compétitions on pouvait lire des noms comme ceux des sévillans Niño Escacena, Pepe Marchena ou Manuel Vallejo qui fut le vainqueur. Avec ce concours est né l’étape d’opéra flamenca qui ne fut jamais très bien reçue, parce qu’elle laissait de côté des palos (types de chant flamenco) très appréciés, tels que la bulería. Mais il y eut aussi des bonnes années où l’on a pu jouir de personnalités comme la Niña de los peines ou, plus tard, Juanito Valderrama.
L’héritage de ce XXe siècle magique reste bien présent à Madrid dans des différents tablaos qui restent toujours actifs dans la capitale. Probablement le plus populaire de tous soit le Corral de la Morería qui date de 1956. Il a été reconnu comme le meilleur tablao flamenco du monde en raison de sa programmation constante et variée qui est par ailleurs, complétée par une offre gastronomique qui n’oublie pas les traditions du lieu et sa culture. Sur sa scène sont montés des personnalités de grande importance dans le flamenco tels que Paco de Lucía qui y présenta son inoubliable Entre dos aguas (1981).
Encore plus ancien est Villa Rosa, un tablao qui a ouvert à la place de Santa Ana en 1911, en tant bar à tapas et vins andalous. À la fin de cette décennie il a vécu un retournement définitif qui en a fait la « Cathédrale du Flamenco », nom sous lequel il est connu de nos jours. Au début des années 60 il interrompu son activité pendant un an, mais dans les années 70, il a récupéré son rythme et sa splendeur caractéristiques. Et jusqu’à présent.
Nous pourrions poursuivre la liste des tablaos. Par exemple, Cardamomo que la mairie de Madrid a déclaré Patrimoine culturel de la ville. Il a ouvert en 1994 en proposant une union de danse et de cante. Ensuite, au cœur de Vallecas, loin du centre de la ville se trouve El Cortijo, un autre des tablaos qui a gagné une renommée nationale, et même internationale. Donc oui, il est plus que possible de profiter du flamenco à Madrid.