La localité primitive, connue populairement comme Sangüesa la Vieille est située sur les terres de l’actuelle Rocaforte et fut peuplée depuis les romains.

L’un des premiers rois de Pamplune, Sancho Garces I, nait à Sangüesa en 825. Au Xe siècle, c’est un point important dans la défense de la chrétienté face à l’avancée des musulmans vers le royaume de Pamplune. En 1090, le roi Sancho Ramirez lui concède l’acte juridique de Jaca pour favoriser son repeuplement, consolidant ainsi un centre important de passage du Chemin de Saint Jacques depuis l’Aragon. La prospérité due à ce développement et l’impossibilité physique de s’étendre obligea le roi Alfonso I el Batallador en 1222 à refonder la ville dans son site actuel. Quand plus tard Teobaldo II divisa la Navarre en merindades (divisions administratives et judiciaires du Moyen Age), Sangüesa prend la tête de l’une d’elle.

Dès lors, toute l’histoire de Sangüesa est liée à la route jacobine et à sa position stratégique de frontière entre les royaumes de Navarre et d’Aragon. En 1503, naquit dans la ville Enrique II, dernier roi de Navarre avant qu’elle ne soit annexée à la couronne de Castille du quel elle obtiendra le titre de Ville.

Le XVIIIe siècle fut très sombre pour Sangüesa. Pendant la Guerre de Succession, la ville est occupée et mise à sac par les troupes loyales à l’archiduc Carlos de Austria. En 1787 elle subit la pire inondation de son histoire: la crue de la rivière Aragon provoque la rupture du pont de Yesa, plus de 500 habitants meurent et les dégâts sont énormes.

Porte de Carajeas

Par la suite, elle subirá de nouveau les outrages de la Guerre d’Indépendance quant elle fut la scène de combats des troupes de Espoz y Mina.

Sangüesa est actuellement une ville touristique qui a fait de son riche patrimoine monumental et du Chemin de Saint Jacques ses principaux attraits.

Sangüesa est l’un des plus grands centres monumentaux de Navarre. Sa vieille ville située sur la rive gauche de la rivière Aragon comporte des palais, des demeures seigneuriales, églises et couvents qui en font une très belle visite touristique. Son joyau principal est l’église de Santa Maria la Real, romane avec des ampliations gothiques des XIII et XIVe. Son portail est l’un des principaux du roman de Navarre. En 1131, Alfonso I el batallador en fit don à l’Ordre de San Juan. Elle a été déclarée Monument National. L’église du Salvador fut construite au XIIIe sur initiative populaire. Son portail comporte une représentation du Jugement Final. Romane et gothique aussi est l’église de Santiago, située sur un pan de l’ancienne muraille. Son apparence de forteresse est rehaussée par  sa grosse tour à créneaux.

Hors de la ville il faut voir le Couvent de San Francisco de Asis, dont la construction est attribuée au saint lui-même durant son voyage de retour de Saint-Jacques de Compostelle en 1213. Cloître et église gothiques.

La Mairie, construite en 1570, est l’une des maisons consistoriales les plus anciennes de Navarre avec une galerie avec arcades  surbaissées- Un autre édifice civil important est le Palais Ongay- Vallesantoro, édifice baroque du XVIIe avec le rez de chaussée en pierres de tailles, avec un écusson des armes familiales. Son avant-toit de bois repose sur de nombreux tasseaux sous formes d’animaux.

Santa María la Real. Image de l´Archive de Tourisme « Reyno de Navarra »

Il ne faut pas oublier le Palais Château du Prince de Viana, qui se dresse sur un flanc de l’antique muraille comme résidence royale au XIIIe. Flanqué de deux grandes tours à créneaux cette demeure a assisté à plusieurs sessions des Etats Généraux du royaume. Du Palais Iñiguez Abarca, renaissance, on remarque la galerie à arcades de l’étage supérieur et le grand avant-toit de bois. Enfin, le Palais de los Sebastianes est un autre monument de Sangüesa, Il fut la propriété d’une riche famille de commerçants et prêteurs aux rois.

Sur le fleuve Aragon, le fameux Pont de Fer a remplacé en 1820 l’antique pont de bois médiéval du XIe siècle.