Se promener à Talatí de Dalt, c'est connaître l'histoire. On peut y rencontrer les premiers colons de la belle île de Minorque. Connue pour ses coins paradisiaques, pour ses lieux plus touristiques, il est très satisfaisant de changer de perspective pendant quelques jours. Pour un week-end. Abandonnez ses plages spectaculaires pour voyager loin, très loin, au IIe siècle av. J.-C. Oui, il faut remonter aussi loin si l'on veut découvrir ce village qui abrita une civilisation millénaire.
Talatí de Dalt est l'un des sites préhistoriques les plus importants de Minorque. Bien sûr, il n'en reste que des ruines. Mais ce sont des ruines très bien conservées qui méritent une visite. Il s'agit de vestiges qui ont été étudiés et dont on a tiré des conclusions. Elles font partie de l'ensemble des précieuses traces laissées par la culture talayotique à Minorque, mais aussi à Majorque. Cette société, qui vivait apparemment sans être soumise à des hiérarchies, a été la première à s'installer sur l'île. On sait peu de choses sur leur mode de vie, mais leur nom vient de ces mêmes empreintes, de ces mêmes ruines. Les talayots, tours de guet, sont leur construction la plus représentative.
Talatí de Dalt est un village de taille moyenne. Au plus fort de son activité, une centaine de personnes y vivaient, qui étaient des éleveurs et des agriculteurs. Bien que la culture soit tombée, comme d'autres civilisations, sous la domination de l'Empire romain, le peuple talayotique a continué à habiter l'île jusqu'à la période musulmane.
Minorque abrite également ce qui est considéré comme le plus ancien bâtiment d'Europe encore debout : la Naveta des Tudons. C'est le peuple talayotique qui l'a construite.
Bien que Talatí de Dalt soit encore un ensemble de ruines, celles-ci sont dans un état de conservation enviable. Cela a permis de différencier les différents espaces qui composent l'établissement. Il est donc possible de localiser plusieurs des habitations occupées par ses habitants et un tronçon de quelque chose qui ressemble à une muraille. Il y a également un groupe de grottes naturelles qui ont été utilisées, dans les premières années de cette culture, comme sites d'enterrement.
On pense que ces bâtiments ont été construits vers 1300 av. J.-C. D'après les vestiges trouvés dans différentes fouilles, on sait qu'ils ont été utilisés pendant longtemps. La poterie qui a survécu sur le site remonte à différentes périodes de l'histoire, de l'âge du bronze à la fin de la période musulmane.
Deux éléments se détachent du reste. Tout d'abord, il y a un grand talayot central qui donne une idée fiable de ce à quoi ressemblaient ces bâtiments défensifs. Deuxièmement, une enceinte connue sous le nom de taula, l'une des constructions les plus curieuses de cette période et de ce territoire. Il s'agit d'un espace religieux, dans ce cas en forme de fer à cheval, avec ce qui pourrait presque être considéré comme une sculpture dans son noyau central. Un bloc de pierre vertical, sur lequel est posé un autre bloc horizontal, comme s'il s'agissait d'une table.
Ce n'est pas pour rien que taula, en catalan, signifie table. Celle de Talatí de Dalt est également particulière, car elle comporte un autre bloc de pierre qui repose sur la base et donne à la figure un aspect différent. Elle est unique au monde.
Talatí de Dalt est situé à quatre kilomètres de Port Mahon, la capitale de l'île où l’on peut profiter de ce qui est considéré comme l'un des meilleurs ports naturels du monde. Il existe également de nombreux autres lieux de grand intérêt touristique, comme la forteresse de La Mola. Construit au XIXe siècle, il est l'un des plus intéressants d'Europe.
En général, la visite de Minorque est une succession d'endroits proches qui valent la peine d'être visités. Dans ce cas, pour continuer le parcours à travers l'histoire, vous pouvez également visiter la taula de Torrelisar, située à seulement quinze minutes en voiture de la capitale. Ou le village talayotique de Torralba d'en Salort, dont la taula vous surprendra même si vous en avez déjà vu d'autres.
Tout près de là, et changeant complètement de sujet, se trouve le parc naturel de S'Albufera des Grau. Le plus important de l'île, il couvre plus de 5 000 hectares. Un hymne à la nature et à la biosphère minorquine.
Cette culture talayotique, dont on sait peu de choses, devient proche et compréhensible lorsqu'on se promène dans son ancien village. Lorsqu’on découvre les endroits où ils enterraient leurs proches. Ou lorsqu’on observe leurs forteresses, conçues pour protéger ceux qu'ils aimaient. Une culture qui a eu la chance de vivre au paradis.