La plus fine, la plus dégagée, la plus française de toutes les cathédrales de Castille et León marque l’apogée du gothique en Espagne et a reçu pour cette raison le titre de la «pulchre leonina» Consacrée à la Vierge Marie elle transmet clarté et pureté illuminées par ses vitraux magnifiques.
Certains édifices méritent un voyage pour eux seuls: leur visite suppose une expérience sensorielle et historique. De la page dédiée à la visite de la ville de Leon, nous avons décidé d’en extraire celle-ci spécialement consacrée à vous expliquer les grands attraits de cet édifice exceptionnel dont la visite mérite bien au moins deux heures de pleine attention. Si nous recommandons l’usage de jumelles pour apprécier les détails dans une cathédrale, ici, pour pouvoir observer ses merveilleux vitraux, la grande hauteur de ses voutes et ses tours, elles sont absolument indispensables. N’oubliez pas non plus de visiter le très beau Musée de la Cathédrale. Autour de la cathédrale sont situés un grand nombre des meilleurs bars de tapas et des restaurants de la ville dont nous vous offrons une liste- ainsi que une explication gastronomique et un choix d’hôtels- dans notre section Se loger et manger à notre page de Leon.
On commença à construire la cathédrale de León en 1243, au temps de l’évêque Nuño Alvarez sur un terrain anciennement occupé par un temple roman près de la muraille, le Palais du Roi Ordoño II et les thermes Romaines du IIe siècle. Son style entre en plein dans la période des grandes cathédrales ogivales du nord de la France, de la même époque. L’œuvre fut dirigée au début par Maître Simon et Maître Enrique (qui travailla aussi à celle de Burgos—) jusqu’à sa mort en 1277, et par le maître de Burgos Perez (qui en continua les travaux jusqu’à la fin du XIIIe siècle).
La cathédrale de León fut terminée en 1301, bien que certains éléments y furent rajoutés les siècles suivants. Le cloître fut commencé au XIVe, la Tour de l’Horloge, le siècle suivant, et les sommets des tours au XVIe. Un éclair détruisit la tour des cloches à gauche) aux débuts du XVIIe et elle fut reconstruite selon les plans de l’architecte José de Churriguera . Au cours du même siècle les voutes s’écroulèrent et de graves problèmes de cimentation apparurent. Jusqu’à 1859 on ne put entreprendre de travaux de restauration qui s’achèveront par consacrer l’église à nouveau en 1901.L’architecte Juan de Madrazo, fut chargé d’éliminer les rajouts latéraux et la coupole baroque du transept, suivant les critères historicistes du français Viollet-le-Duc.
Photographie ancienne ou on peut voir la cathédrale au fond
La pierre utilisée dans cette construction provenant de Boñar (dans les montagnes de León) était de qualité médiocre, ce qui eut des effets négatifs pour les statues magnifiques de l’extérieur.
Un autre des aspects des plus délicats de la cathédrale, sont ses 134 grandes verrières et ses trois rosaces (XIII-XVIe) qui composent ses vitraux qui subirent tout un processus de remplacement à la fin du XIXe, de la main de l’architecte Juan Bautisto Lazaro. Activité de remplacement qui fut relancée à partir de 1992, moment où s’organise un mouvement populaire de défense de la cathédrale qui obtient la mise en marche d’un Atelier de Restauration de Vitraux pour cette cathédrale, à caractère permanent.
Nous commencerons par en faire le tour à l’extérieur pour observer ses façades. En premier, la façade principale flanquée de deux tours asymétriques, hors des bas côtés. La tour gauche est celle des cloches qui fut restaurée par Joaquin de Churriguera dans les débuts du XVIIe. Sur cette façade occidentale ouvrent trois portails en ogives très pointues : le central est le Portail de Nuestra Señora la Blanca présidé par une statue de la Vierge (copie, l’original étant dedans) Le tympan est une représentation du Jugement final. Le Christ y montre les plaies de ses mains et de son côté. Des anges portent les instruments de la Passion et sur les côtés la Vierge Marie et Saint Jean intercèdent en faveur de l’humanité. Le linteau expose la psicotasis (exprimant la croyance en une vie éternelle) et de chaque côté de saint Michel les élus et les condamnés. Toute cette représentation rappelle celle du portail de las Tornerias de la Cathédrale de Burgos. Les deux autres portails de cette façade sont celui de San Francisco (à droite) et San Juan (à gauche), décorés tous les deux avec des thèmes relatifs à la Vierge.
La porte Nord ou Portail De San Juan (1275-1280) offre un tympan sur la Nativité de Jésus : Visitation, Naissance, Adoration des Bergers, Hérodes, Epiphanie et Massacre des Innocents, Sur les archivoltes apparait une allusion à l’arbre de Jessé, en relation avec la généalogie du Christ et la vie de Saint Jean Baptiste. Dans la cathédrale, de l’autre côté de cette porte, tout en haut, on peut voir la dépouille de la légendaire Taupe Maligne, qui selon la rumeur démolissait de nuit ce que les ouvriers avaient construit dans la journée retardant ainsi les travaux. Les habitants de León la tuèrent et pour remercier la Vierge de les avoir conduits jusqu’à cet animal perfide, ils en pendirent la peau derrière cette porte.
Le Portail Sud ou de San Francisco (1275-1285) comporte aussi trois portes toutes trois dédiées à la Vierge :le tympan en deux parties présente sur l’inférieure la mort de la Vierge avec les apôtres prêts à l’enterrer, et sur la supérieure, deux anges la couronnant, le Christ la bénit, entourés tous deux par des anges.
L’entrée sud du transept se compose aussi d’un triple portail: les portes de Sarmental, de San Froilan et la Porte de la Mort. La Porte de Sarmental est décorée par la Vision apocalyptique de Saint Jean avec Dieu flanqué des symboles des tétramorphes sur le tympan. Les quatre évangélistes occupent les extrémités. Le tympan de la Porte de San Froilan présente des scènes de la vie de ce saint, sa mort et le transfert de ses reliques à la cathédrale de León. La Porte de la Mort porte ce nom à cause du squelette ailé qui s’y trouve. Seules les armes de l’infant Fernando de la Cerda décorant cette partie de la cathédrale furent achevées.
Enfin, la Porte de la Virgen del Dado, de la façade nord du transept n’est pas visible de l’extérieur. Nous vous en parlerons plus en avant.
Visitons maintenant l’intérieur: On compare son plan avec celui de la Cathédrale de Reims (France): trois nefs jusqu’au transept et passé celui-ci, cinq, avec l’abside entouré d’un déambulatoire où donnent des chapelles rayonnantes.
La nef centrale mesure 30 mètres de hauteur entre les arceaux séparés, le triforium y donnant avec ses verrières le couronnant. Sa verticalité est soulignée par les petites colonnes issues de celles de support et se dressant sans interruption sur trois étages, le tout dans le but de produire cet effet optique des âmes s’élevant vers Dieu. Cette grande hauteur de la cathédrale transmet cette idée d’élévation et de légèreté appuyée par le jeu des fins piliers soutenant les voutes de doubles arceaux et les vitraux magnifiques qui laissent entrer une lumière multicolore. Ses 134 vitraux forment l’un des principaux attraits de cette cathédrale. La plus grande partie date du XIII au XVIe siècles, sans compter les trois rosaces grandioses. Observez bien ces merveilles où la Vierge est le principal motif, avec les vertus et les vices, des effigies de rois et des armes nobiliaires.
Nous vous recommandons spécialement de regarder attentivement le choeur. Ses stalles gothiques en noyer furent taillées par des ébénistes flamands et représentent des apôtres, des saints, des personnages mythologiques et quelques scènes profanes. Ce chœur est ouvert ce qui en permet une meilleur vue depuis la nef centrale. La partie arrière est une œuvre renaissance décorée de beaux reliefs d’albâtre.
Entrée de la Cathédrale de Leon
La Chapelle Principale est entourée d’une grille forgée de style plateresque. Elle conserve un arc en argent du XVIe siècle d´Enrique Arfe, avec les reliques de Saint Froilan. Le retable comporte des peintures flamandes sur bois du maître Nicolas Francés du XVe siècle. Les cinq chapelles hexagonales du déambulatoire conservent des sépultures artistiques et des statues de bois polychromées.
La chapelle de l’abside est consacrée à la Virgen Blanca. En face se trouve le tombeau du roi Orgoño II de león, un gisant réalisé à la fin du XIIIe siècle. À gauche s’ouvre la chapelle de Santiago ou de la Virgen del Camino du XVe siècle: c’est une antique librairie de cathédrale pourvue de sculptures gothiques et de riches verrières. À droite est la Chapelle du Carmen qui s’écroula vers la moitié du XVIIIe et fut reconstruite par l’architecte Giacomo Pavia.
Dans le bras gauche du transept, face au portail de la Virgen del Dado, fut construit le cloître par Juan de Badajoz au XVIe siècle. De là, on peut contempler ce Portail de la Virgen del Dado, conçu dans la dernière décade du XIIIe et qui conserve un assez grand nombre de ses fresques originales. Un Christ debout dans sa mandorle (auréole) que des anges entourent. De chaque côté de la porte, des statues d’apôtres et la scène de l’Annonciation. Le linteau est occupé par une Vierge à l’Enfant.
Un escalier plateresque mène au Musée de la Cathédrale, très important, qui recèle les principaux trésors du diocèse. Il faut remarquer la collection de sculptures sur bois romanes des XII et XIIIe siècles, les peintures des écoles castillanes et flamandes et des sculptures comme le crucifié magnifique de Juan de Juni. Arrêtez-vous devant des livres et documents de mille ans d’âge, des objets rares comme de Diplôme Royal signé en 775 par le roi Silo des Asturies, l’extraordinaire antiphonaire (livre de musique de psaumes) mozarabe du Xe siècle, les codex aux illustrations des X e et XIe siècles et le dit « Livre des Estampes » (XIIIe). D’autres pièces magnifiques de ce musée en sont les tentures, brocarts et broderies, les pièces d’orfèvrerie et des ivoires taillés qui y sont exposés.
Statue du Lion
Gargouille de la Cathédrale
NB: Certains des liens vous conduiront à des sites en espagnol.