Visiter le Quartier Gothique de Barcelone est comme voyager dans le temps et redécouvrir la Barcino primitive romaine et la ville médiévale aux ruelles sinueuses avec ses places et ses palais, ses résidences et ses églises gothiques. Nous prendrons en premier un petit déjeuner au Café Zurich, local des plus emblématiques de la ville, puis nous irons vers la Place de Cataluña (1927), nœud d’union entre les villes romaines et médiévales, et les modernes de l’Ensanche et le Modernisme. Ronde, entourée d’une frange de jardins, elle offre un groupe de sculptures de Pablo Gargallo: Le berger jouant du «flabiol» (instrument typique catalan), et en son centre une mosaïque dessine une rose des vents qui définit l’axe mer-montagne, vertèbre de la ville.
Façade de Els Quatre Gats, en 1901
Traversant le petit passage du carrer de Rivadeneyra, on accède au Monasterio de Santa Ana, église romane du XIIe.
Sur le Montsio, ouvre la Casa Marti, édifice d’aspect médiéval, dessinée par Puig i Cadafalch en 1896. Le café- restaurant Els Quatre Gats, en occupe le bas. C’est l’héritier de celui qui jusqu’à 1903 fut le centre des rencontres des intellectuels de la Barcelone du Modernisme et par le quel passèrent des figures célèbres comme Santiago Rusiñol, Ramón Casas et Picasso.
Suivant la rue du Portal de l’Angel (piétonnière avec de nombreux commerces) et celle des Arcs, nous arrivons à la Plaça Nova, coin médiéval et ancien marché qui conserve encore les tours semi-circulaires qui flanquaient les quatre portes de la cité romaine. La Casa de l’Ardiaca (Maison de l’archidiacre) réunit une partie de la muraille médiévale- adossée au fragment de la copie de l’aqueduc qui commence à la porte d’entrée de la ville- et des éléments modernistes comme la boîte à lettres avec trois hirondelles et une tortue. Sur cette place, il y a sept grandes lettres qui contrastent d’avec le fond historique sur lequel elles se trouvent: On y lit «Barcino» écrit avec l’alphabet crée par Joan Brossa pour ce poème visuel particulier sur le passé de la ville. De l’autre côté est le Collège d’Architectes de Cataluña, avec des frises dessinées par Picasso.
Place de la Seu se dresse la Cathédrale de la Santa Creu ou de Santa Eulalia.L’œuvre gothique fut payée par les dons des confréries et corporations médiévales. Elle fut commencée en 1298 et terminée seulement en 1913. Elle occupe la place d’une basilique paléochrétienne de IVe détruite par les hordes de Almanzor. Il n’en resta que le baptistère. De ce temple roman nous restent, au coin de la rue du Bisbe, la Chapelle de Santa Lucia, construite trente ans avant le début de la cathédrale et intégrée dans son ensemble. Le temple gothique en forme de croix latine comporte trois nefs et 25 chapelles latérales. Dans son Chœur (XIVe) imposant se réunirent en 1517, les membres de l’ordre de la Toison d’Or sur l’ordre de l’empereur Charles V. Dans la crypte, le tombeau de Santa Eulalia (XIVe) Le musée de la cathédrale occupe la salle du chapitre, comme Chapelle du Christ de Lepanto ou de Sant Oleguercar s’y trouvent la statue du Christ (XVIe) qui accompagna don Juan de Austria lors de la bataille de Lepanto et la statue gisante du saint (Œuvre de Père Sanglada, 1490).
Près de la cathédrale, intégrée dans la muraille romaine, se dresse l’édifice de la Pia Almoina qui accueille le Musée Diocésain. À proximité est l’église de San Felipe Neri (vers 1673) avec une façade baroque (où l’on voit la trace des balles du soulèvement de 1936).
Place de Sant Jaume et Mairie de Barcelone
De la rue de Bisbe, nous prenons la rue de Paradis pour entrer dans la petite cour médiévale du Centre Excursioniste de Catalogne. Vous y verrez les quatre colonnes du temple d’Auguste (Ier siècle a,C,) et reprenant la rue Bisbe nous arrivons à la Place de Sant Jaume, chœur du quartier. C’est là que se dresse la Casa de la Ciutat (mairie de Barcelone) et de l’autre côté de la place le Palau de la Generalitat de Catalunya siège du gouvernement autonomique. Dans la Mairie se trouve le gothique Salon de Cent(XIVe) lieu de réunions du Consell de Cent, entre 1373 et 1714. Le Salon de Cronicas fut décoré par Josep María Sert en 1928. Quant au Palau de la Generalitat, sa façade néoclassique intègre des éléments de tous les styles. Il faut y voir le cloître gothique et la chapelle gothique flamboyant du premier étage et la cour dels tarongers (Cour des orangers, 1532-1547) renaissance.
La rue Veguer nous mène à la gothique Place del Rey qui est entourée par tout l’ ensemble monumental du Palais Real Mayor, avec la chapelle de Santa Agueda, résidence des comtes de Barcelone depuis le XIIIe siècle, le Palau del Lloctinent ( Palais du Lieutenant), édifice Renaissance du XVIe qui loge le merveilleux retable du Condestable. Dans un coin de la place, se dresse la tour de guêt nommée le Mirador de Roi Marti. Le Musée Frederic Marès occupe une partie du Palais Royal Mayor. Sur la place, la sculpture Topos V de Eduardo Chillida et le MUHBA- Musée de l’Histoire de Barcelone installé dans la Maison Clariana-Padellas (XV-XVIe) avec une collection très complète depuis le néolithique jusqu’a nos jours.
Sur la place de Ramon Berenguer III, présidée par la statue réalisée par Llimona, on peut admirer des pans de la muraille romaine en pierres de tailles du bas empire, alternant avec des tours. Pendant le Moyen Age, des arcs furent ouverts qui permirent des réutilisations de la muraille dans la Chapelle de Santa Agueda, par exemple, construite sur un pan à arcades et qui conserve une peinture gothique.
La tour octogonale de l’église des Saints Justo et Pastor (XIVe, mais fondée au XIe) attire l’attention.
Une promenade par les ruelles du quartier gothique nous amènera à la Place Real, avec en son centre une fontaine aux trois grâces avec de chaque côté deux réverbères (1879), une œuvre de jeunesse de Antonio Gaudi.
Bien proche est L’église gothique de Santa María del Pi (1319-1391), avec une grande cloche “la Antonia” et 5 petites dans son clocher octogonal.
On peut terminer le parcour dans le quartier gothique par une promenade sur la Rambla, voie principale de la zone Antique la reliant avec El Raval. La Rambla est probablement ce qu’il y a de plus important à voir dans le quartier gothique, car comme nulle autre voie elle rassemble toute l’essence de Barcelone.