Dans le Val d'Aran, l'un des coins les plus particuliers des Pyrénées catalanes, une histoire d'amour et de tragédie est racontée depuis des décennies. Une histoire qui a également donné lieu à une curiosité : la construction de ce qui est probablement le plus petit cimetière d'Espagne, puisqu'une seule personne y est enterrée. Sous un vieil acacia repose une tombe solitaire entourée d'un mur de pierre de deux mètres de haut. C'est le cimetière de Teresa. Voici son histoire
L’histoire de cette tragédie s’est déroulée à Bausen, un petit village du Val d'Aran, à Lérida, près de la frontière française. Les protagonistes sont deux jeunes amoureux, Teresa et Francisco, unis par une histoire d’amour dans l'Espagne rurale du début du XXe siècle. Il y avait juste un petit problème : ils étaient cousins. Bien que l'on ne sache pas exactement dans quelle mesure ils étaient apparentés, pour pouvoir se marier sans vivre dans le péché, ils devaient payer une taxe à l'Église, la dispense matrimoniale de consanguinité. Cette taxe était d'environ 25 pesetas, 1 franc français environ.
Il n'est pas clair s'ils ne pouvaient ou ne voulaient pas payer cette taxe, ce qui est clair c'est qu'ils ne l'ont pas fait. Néanmoins, ils ont emménagé ensemble et ont eu deux enfants. Tous, selon les normes de l'Église, dans le péché. La tragédie est arrivée des années plus tard.
A l'âge de 33 ans, Teresa est morte d'une pneumonie. Le curé, qui, selon les chroniques, était un homme d'une grande droiture, ne pouvait accepter la vie de péché de la jeune femme et refusa de l'enterrer en terre sainte. Un nouveau problème qui a conduit, au final, à la création de ce monument unique.
Du jour au lendemain, les habitants de Bausen, avec à leur tête le bien-aimé de Teresa, ont dû improviser un cimetière civil pour que sa dépouille puisse reposer. C'est le résultat de la collaboration de tous les voisins, qui ne voulaient pas que le corps de Teresa se retrouve n'importe où. La tombe n'a pas d'ornements ni de symboles religieux, mais on peut lire deux phrases commémoratives : "je me souviens de ma bien-aimée Teresa qui est morte le 10 mai 1916 à l'âge de 33 ans" et aussi "à notre chère mère".
Cette curieuse histoire, qui a laissé en souvenir ce qui est peut-être le plus petit cimetière d'Espagne, est devenue connue lorsque le tourisme est arrivé dans le Val d'Aran. Teresa et Francisco ont commencé à être connus comme "les amants de Bausen" et ce petit cimetière comme le cimetière de Teresa.