L'histoire qui occupe ces lignes est, de toutes les histoires pyrénéennes, la plus réelle. Elle part d'une base historique prouvée et démontrée, d'où le mythe découle. Une légende qui a poussé des centaines de personnes à aller dans le petit village de Toloriu, à Lérida, à la recherche d'un trésor caché. Bien que la fièvre de cet or se soit calmée ces dernières années, on continue à voir des maraudeurs qui, en douce, creusent la terre pensant exhumer une sépulture pleine d’or.
Il était une fois un empereur aztèque appelé Moctezuma Xocoyotzin. Il est l'un des personnages les plus populaires au monde, ou du moins son nom, même si les détails de sa vie ne sont généralement pas connus. Ce qui nous intéresse ici, c'est un sujet très matériel : son or. C'est l'or de l'empereur Moctezuma qui a donné lieu à cette légende.
Lorsque Moctezuma a demandé à Hernán Cortés de ramener trois de ses enfants en Espagne, il ne pouvait imaginer l'avenir très différent qui attendait chacun d'eux. Ils s'appelaient : Tohualicahualtzin, Telicuarzin et Xipaguazin. Leurs prénoms chrétiens : Pierre, Elisabeth et Marie. Tous trois ont quitté l'empire aztèque dans les derniers soubresauts de sa puissance. En fait, Moctezuma a été le dernier grand empereur. On peut imaginer les richesses de cet empereur que ses enfants emportaient avec eux en Espagne. Pas sans mon or.
Au cours du voyage est née une romance. On dit que Maria (Xipaguazin), est tombée amoureuse de Joan de Grau, le capitaine du navire et baron de Toloriu. Lorsqu'ils ont débarqué, ils ont décidé de commencer une vie ensemble dans ce petit village des Pyrénées catalanes. Ce village ne plaît cependant pas la pauvre Maria, qui se fane dans ces montagnes. Le baron, inquiet de l'état d'esprit de sa bien-aimée, décida de lui construire une grande ferme près du château où ils vivent. C'est ici qu'elle a vécu jusqu'à sa mort en 1537, et c'est là que le mystère a commencé.
Où se trouve l'or dont a hérité Maria, descendante directe du grand empereur aztèque ? Son acte de décès atteste qu'elle a été enterrée sous l'autel principal de l'église de Sant Jaume, "avec les objets qui, selon la tradition aztèque, sont de rigueur". Un euphémisme assez intéressant pour désigner la grande richesse aztèque qu'elle devait porter avec elle dans la mort. On dit également que c'est la princesse elle-même qui, se doutant de son destin prématuré, aurait décidé d'enterrer ses biens les plus précieux sous terre. Y aurait-il donc un trésor aztèque caché quelque part près d'un petit village des Pyrénées catalanes ?
Non seulement les habitants, attirés depuis des siècles par le bouche-à-oreille, ont essayé de trouver l’or, mais aussi les étrangers qui ont eu l'occasion d'entendre les rumeurs. Il y a moins d'un siècle, un groupe d'Allemands a pris possession des terres bordant la grande ferme construite pour la princesse aztèque. Leurs intentions étaient claires.
Ils avaient probablement accès à d'anciennes reconnaissances de dête dans lesquelles il est indiqué que les habitants de la maison Vima, nom de la ferme, possédaient des pièces d'or étrangères. Ils faisaient commerce de ces pièces comme si elles n'appartenaient pas à un empire qui, en soi, suscite suffisamment de mystère à l'autre bout du monde.
Il existe même un dicton populaire : "Toloriu a donde les bruixes hi fan el nido" (Toloriu, où les sorcières font leur nid). Sorcières, Aztèques et chasseurs de trésors. Une légende fascinante qui se perpétue dans ce petit village des Pyrénées.