Portada 73

Le village inaccessible aux voitures

Bruit. Bruit d’eau, bruit du craquellement des pierres sous les pieds d’un promeneur, bruit du chant d’une grive, bruit de la pluie… Mais, bruit des voitures ? Aucun. En effet, aucun véhicule n’a jamais traversé ce bastion de pierre. Peut-être des hélicoptères, lorsqu’il a fallu secourir la maigre population qui habite le village de Bulnes, le dernier réduit d’humanité dans les montagnes des Asturies.

Ayant toujours été une zone de passage pour le bétail, Bulnes est devenu un village lorsque certains bergers y sont restés pour vivre. Au début et pour la plupart de l’histoire, les habitants de Bulnes ont été isolés du reste du monde. Complètement puisqu'il n’y avait qu’un chemin de haute montagne pour les connecter à la municipalité de Poncebos.

Maison auprès d'une rivière et montagnes derrière
Une des maisons du village de Bulnes. | Shutterstock

Cependant, les vies des voisins de cette localité ont changé avec l’inauguration du funiculaire en 2001. Il s’agit du téléphérique qui connecte le déjà cité Poncebos à Bulnes. Toutefois, à six heures du soir, lorsque le funiculaire ferme ses portes, le village reste de nouveau isolé comme autrefois.

Le chemin à pied vers le cœur des Pics d’Europe

En sortant du funiculaire, les vues qui attendent sont indescriptibles. Bulnes trouve son siège à 649 mètres d’hauteur dans une vallée charmeuse entourée des Pics d’Europe, sous le regard lointain de l’archiconnu Naranjo de Bulnes, aussi connu sous le nom de Pic Urriellu. D’ailleurs, se trouvant à une distance d’entre quatre et cinq heures à pied, Bulnes est l’antichambre du pic. Il ne s’agit pas de la seule randonnée possible partant du village. Les excursions à Sotres, à Fuente Dé ou à Collado Pandébano sont d’autres possibilités.

Sapins au premier plan et des sommets de montagne entourés de nuage derrière
Sommet Naranjo de Bulnes. | Envato

Toutefois, la randonnée indispensable est sans doute celle qui monte vers Bulnes même en partant de Poncebos, d’où sort aussi le Sentier du Cares. Les habitants recommandent à tous ceux qui montent pour la première fois à cet endroit délaissé de la main de Dieu de s’y prendre par le chemin qui passe auprès du canal du Texu. Le chemin en question est celui qu’utilisaient les habitants avant l’ouverture du funiculaire.

Ce trajet s’étend au long de quatre kilomètres et compte de 400 mètres de dénivélé, avec des pentes qui arrivent à un 18% de d’inclinaison. Malgré tout, le sentier peut se parcourir entre une heure et demi et deux heures et il est abordable par presque tous les publics. Il est possible de monter et de descendre dans une même journée.

Chemin qui conduit à un hameau et touristes qui s'y promènent
Au cours des dernières années le tourisme s'est intensifié à Bulnes. | Shutterstock

Bulnes, un voyage à la déconnexion

Quel que soit le moyen d’y parvenir, tout visitant trouvera la même chose : un petit village aux maisons en pierre et des nombreuses ruines. D’un côté, nous avons Bulnes de Abajo, aussi connu comme la Villa. D’un autre, sur une colline, nous avons Bulnes de Arriba ou el Castillo. Cette seconde zone a beaucoup plus de bâtiments et les maisons les plus anciennes.

Bulnes de Abajo dispose de plus de services, cafés, restaurants, logements. Depuis que l’on a ouvert le funiculaire, le tourisme a beaucoup augmenté, à un point que les habitants peuvent en vivre pendant les mois d’été. En hiver, les voisins subsistent comme ils l’ont toujours fait : grâce à l’élevage et sous des conditions de vie difficiles que seulement certains peuvent tenir. En 2001, selon l’indique l’INE, il y avait à peine 27 habitants, parmi lesquels, un grand nombre n’y réside pas toute l’année.

Ainsi, vivre à Bulnes est un vrai défi. Or, qui ne voudrait pas y passer un ou deux jours éloigné du bruit des voitures et de l’éclairage de la ville ? En effet visiter Bulnes signifie désormais un voyage de déconnexion totale.