Une promenade dans Murcie, la capitale des jardins potagers d’Europe, est se laisser prendre par la lumière, la végétation, la chaleur, l’arome à fleurs d’orangers de toute une ville méditerranéenne. C’est aussi se plonger dans le brassage des cultures qui la dominèrent, nous permettant ainsi de nous approcher à l’histoire de cette ville millénaire.
Le Segura qui passe par Murcie est traversé par plusieurs ponts intéressants dont le Puente Viejo ou de Pierre (qui garde sur l’un de ses côtés le retable néo classique de la Virgen de los Peligros (XIXe). Depuis le pont, vous pourrez jouir d’une belle vue panoramique sur la ville, avec le jardin botanique d’un côté et les façades de la Mairie et du Palais Épiscopal sur le rond point Espagne de l’autre. Nous vous proposons donc de commencer votre visite depuis ce pont qui conduit directement à la place Martinez Tornel et à la Gran Via sculpteur Salzillo, épine dorsale qui divise la ville historique. De cette place, vous pouvez prendre par l’un ou l’autre des côtés de la Gran Via.
Puente Viejo de Murcie. | Shutterstock
Le premier itinéraire prend les voies Maestre et Patricio qui mènent à la place Cardinal Belluga, entourée d’un ensemble d’architectures de grande valeur esthétique: le Palais épiscopal et la Mairie. La façade sud du palais (rougeâtre) -1748-1768, qui possède une magnifique cour «churigueresque» donne sur cette place, alors que la principale, rococo, domine le rond point Espagne. On la connait comme «le marteau» et elle servait de point de vue à l’évèque. Place de la Cathédrale, se dresse l’Edifice Moneo(1998),un agrandissement de la Mairie qui compte avec de nombreux admirateurs et autant de détracteurs qui considèrent que cette place baroque n’est pas le meilleur site pour cette construction qui fut rajoutée à la Maison du Consistoire de la ville à la façade absolument classique.
Mais le plus important de cette place est la Cathédrale de Santa Maria qui mérite une longue visite. Après la conquête de Jaime I d’Aragon en 1266, l’antique Aljama principale fut transformée en siège épiscopal chrétien tout en conservant (plus ou moins) sa structure ancienne jusqu’au XIVe siècle. En 1388 on commença les travaux du cloître, et le 22 janvier 1394, l’évêque don Fernando de la Pedrosa mit la première pierre du nouveau temple, de structure générale à trois nefs avec abside à sept côtés et un transept peu prononcé. Le chevet est à déambulatoire et chapelles absidiales qui ajoutées à celles des nefs forment un total de vingt trois chapelles. C’est tout un ensemble de styles: gothique, renaissance et baroque accumulés.
Clocher de la cathédrale de Murcie. | Shutterstock
Plusieurs portes donnent accès à la cathédrale dont la plus importante est celle de la façade principale (1736-1754) donnant sur la place du Cardenal Belluga, où se trouve le portail du Perdon. Sur deux hauteurs, elle rappelle un retable en plein air. On la considère comme un chef d’œuvre du baroque du levant espagnol.
On remarque aussi le Clocher, doté de 27 cloches. Avec ses 93 m de hauteur (98 avec la girouette), c’est après la Giralda de Séville le second plus haut d’Espagne. C’est tout un étalage de styles: les deux premiers étages sont renaissance, le troisième baroque est composé de quatre petits temples dits «conjuratoires», de là on conjurait les orages, le quatrième comporte les cloches et est rococo des XVII-XVIIIe, Le couronnement octogonal est de Ventura Rodriguez, néo classique.
L’intérieur est gothique pour la plus part dont le choeur, la sacristie, le presbitère et la Chapelle des Velez. Dans le Chœur (au centre de la nef principale9 on peut voir un très bel ensemble de stalles richement sculptées provenant du couvent de San Martin de Valdeiglesias (au moment du désamortissement). La Sacristie carrée est sous la tour, sa voute est renaissance, ornée de fleurs et de feuillages, inspirée de la sacristie de San Lorenzo de Fñlorence de Brunelleschi. Elle est précédée par un Arc Triomphale projeté par Jeronimo Quijano en 1531. Dans le Presbitère est l’urne où est conservé le cœur et les entrailles du roi Alfonso X le Sage. La Chapelle des Velez (1507) est un petit joyau du gothique et la plus importante de la cathédrale. Située derrière le grand autel elle fut commencée en 1490 par Juan Chacon (représentant du roi) et terminée 17 ans plus tard par son fils, premier marquis des Velez. À l’extérieur on remarque les chaînes entourant les côtés du polygone. Dans l’édifice du cloître se trouve le rénové Musée de la Cathédrale .
Face à la Porte des Chaînes, la rue piétonnière de Traperia, une des plus fréquentée et emblématique de la ville. Tracée après la Reconquête sur le zoco arabe on y voit plusieurs édifices intéressants: le Casino(débuts du XXe) à la façade éclectique et différents styles meublant l’intérieur : une cour arabe inspirée des salons de l’Alhambra, une autre cour romain- pompéien, une merveilleuse bibliothèque anglaise de plus de 20 000 volumes et un magnifique salon de bal néo baroque entre autres.
Casino de Murcie. | Shutterstock
Mais ce n’est pas tout: La rue de Traperia termine Place de Santo Domingo (1547) future Grande Place à l’origine, et le lieu public de prédilection des Murciens de nos jours. Vous y trouverez l’église de Santo Domingo (XVIIIe), avec sa chapelle du Rosaire, la Maison Cerda, néo classique, couronnée d’un petit temple et dans l’avenue Alfonso X le Sage, l’église du Couvent de Santa Ana (1490), où vous pourrez acheter les meilleurs pâtisseries conventuelles de Murcie; puis le Monastère de Santa Clara la Real,construction baroque sur des restes islamiques des XII et XIIIe. Ce fut le premier couvent de Murcie fondé par le roi Alfonso X lui-même. Proche est le Musée Archéologique dont l’exposition permanente offre des éléments de l’archéologie de Murcie depuis le Néolithique jusqu’au Moyen Age.
Cathédrale de Santa Maria
Prenant depuis la place Santo Domingo la rue Merced, elle nous mène à l’église de la Merced (XVIe, restaurée au XVIIIe) avec un beau portail churrigueresque et un grand retable. À côté, l’Université et le Musée des Beaux Arts avec de belles collections de tableaux renaissance et des œuvres de peintres murciens du XVIIIe comme Zurbaran Ribera et Murillo, et des œuvres d’auteurs régionaux.
Le second parcours possible depuis la place Martinez Tornell prend vers l’autre côté de la Gran Via, et suivant la rive du Segura nous mène d’abord au Jardin Botanique. Une jetée de protection fut construite au XVe pour freiner les inondations terribles de la rivière. Nous arrivons à l’église de Veronicas (XVIIIe) devenue centre d’expositions temporelles, et le turbulent marché du même nom. Nous continuons notre parcours dans les places de Murcie, idéales pour y faire un arrêt apéritif : celles de San Pedro, de las Flores et de Santa Catalina (toutes proches les unes des autres). Sur la dernière la quelle jusque sous le règne de Felipe III fut la principale de la ville, est l’église de Santa Catalina qui conserve une image de la Sainte, œuvre du sculpteur Salzillo. Et aussi le Musée Ramón Gaya où sont exposées des oeuvre de ce peintre murcien du XXe siècle.
Puis revenant vers la Gran Via par la rue Plateria nous la suivons jusqu’à la via Asciscio Diaz où nous voyons l’église de San Miguel et le Palais de San Esteban, ancien collège de la Compagnie de Jésus, siège du gouvernement régional de nos jours. Ce qui fut son église à la façade plateresque et aux voutes ogivales est maintenant une salle d’expositions.
Nous arrivons ensuite à la place Agustinas, avec le couvent des Augustinas (plusieurs images baroques intéressantes) et le Museo de la Ciudad, où nous pouvons suivre un parcours à travers l’histoire, l’art et l’ethnographie de Murcie. De là la rue San Andres nous mène directement au Museo Salzillo. Puis nous vous proposons de vous promener librement au travers de rues, places et ruelles (San Nicolas, plaza Mayor…) et de vous laisser prendre par cette atmosphère méditerranéenne et le mélange de cultures que l’on respire à Murcie.
Il y a encore d’autres musées à Murcie: traversant le Puente Viejo, se trouve le Musée Hydraulique des Moulins du Río Segura, qui présente une exposition sur l’histoire et les techniques des moulins à eau du Moyen Age à la seconde moitié du XXe siècle. Le Musée de la Sciencie et de l’ Eau, centre intéractif et didactique cherchant à expliquer les éléments et les forces de la nature; et le Musée Archicofradía de la Sangre (des confrèries du sang) où l’on peut admirer l’oeuvre sculpturale pour la Semaine Sainte de grands sculpteurs des XVII al XX.e siècles.