Traditions bizarres autour de la Semaine Sainte en Espagne

Il existe un bon nombre de traditions insolites de la Semaine Sainte. Car en plus des différentes processions et manifestations religieuses, il existe des événements uniques et particuliers qui méritent d’être vus au moins une fois. Mais il n’est pas nécessaire de quitter son pays pour les connaître. Du nord au sud et de l’est à l’ouest, on vous montre ici les traditioons las plus bizarres autour de la Semaine Sainte en Espagne.

L’enterrement de Genarín, León

Le 28 mars 1929, jeudi saint, Jenaro Blanco “Genarín” mange une soupe à l’ail, un morceau de morue et boit quelques bons verres d’orujo, une boisson dont il était un grand amateur. Après le dîner, il a décidé de visiter ses bars préférés de l’ancien quartier de León.

L'enterrement de Genarín à León

L’enterrement de Genarín à León. | wikimedia

Comme il en avait l’habitude, il a décidé d’uriner à côté de la muraille qui délimite la ville avec une telle malchance que, alors qu’il était en train d’uriner, la benne à ordures collectait les déchets dans le quartier En ce moment-là, Genaro s’est fait renverser par le véhicule, mourant sur le coup.

Un an plus tard, dans la soirée du jeudi saint, quatre compagnons de Genaro ont voulu rendre hommage à leur ami tant désiré et ont décidé de suivre le même chemin que lui lors de sa dernière nuit. Ils ont pris le même dîner que Jenaro et visité les mêmes bars, tout en récitant des poèmes et en chantant en sa mémoire. C’est ainsi que, petit à petit, cet hommage à Genaro Blanco est devenu de plus en plus populaire.

Las Turbas, Cuenca

À Cuenca on trouve de l’une des plus bizarres processions de la Semaine Sainte, qui est également reconnue patrimoine immatériel de l’humanité. La procession connue sous le nom de Las Turbas est née en 1616, et jusqu’à aujourd’hui, elle a provoqué une telle agitation qu’il est difficile de ne pas se réveiller quand elle commence. Pendant la procession de Las Turbas à Cuenca, un grand nombre de musiciens avec des instruments se rassemblent.

La ville de Cuenca lors des célébrations de la Semaine Sainte

La ville de Cuenca lors des célébrations de la Semaine Sainte. | shutterstock

Une centaine de tambours et beaucoup, beaucoup plus de clarinettes commencent à tonner dans les rues de Cuenca, jouant de façon chaotique et incessante depuis 5 h30. Quand l’image du Christ apparaît, le bruit augmente. Mais au moment où la Vierge de la Solitude fait acte de présence, tous les instruments se taisent dans un silence parfait. D’une certaine manière, ce vacarme représente les moqueries que Jésus a reçues sur le chemin du Calvaire.

Trencá de perols, Valence

Potterie usée pour la Trencá de perols de Valence

Potterie usée pour la Trencá de perols de Valence. | shutterstock

Une autre des traditions bizarres de la Semaine Sainte est la Trencá de perols à Valence. En valencien, un perol est un pot en argile, et le verbe trencar signifie casser. La tradition est assez ancienne, puisqu’elle est associée à l’idée que les chrétiens effectuant la Semaine Sainte n’étaient pas autorisés à se baigner.

Cela est représenté par le jet d’eau depuis les balcons le samedi saint lui-même. Mais au fil du temps, en plus de lancer de l’eau, les habitants de la ville de Valence ont commencé à lancer aussi les récipients en argile. La Trencá de Perols à Valence a lieu au début de la procession de la Gloire, à minuit le samedi saint.

Le Volatín, Tudela

Le Volatín de Tudela

Le Volatín de Tudela. | Tourisme de Navarre

Une autre tradition qui consiste à “casser des choses” est celle d’El Volatín à Tudela. Une tradition dans cette ville de Navarre depuis 1732. On y prend une poupée au balcon de la Maison de l’horloge, au centre de la place de Los Fueros, pour lui lancer des pétards jusqu’à ce qu’elle finisse complètement nue. L’acte lui-même représente la mort de Judas Iscariote, l’un des disciples de Jésus-Christ et celui qui l’a trahi.

Les romances de Navaluenga

L’origine de cette tradition n’est pas très connue, mais elle est sans doute l’une des plus particulières. Lors de la célébration des romances de Navaluenga, une petite ville d’Ávila, deux groupes de 25 personnes doivent réciter à la perfection 14 romances classiques, écrites par Lope de Vega et José de Valdivieso.

Dans l'église de Navaluenga les habitants se réunissent pour réciter les différentes romances

Dans l’église de Navaluenga les habitants se réunissent pour réciter les différentes romances. | shutterstock

Les deux groupes récitent alternativement des vers jusqu’à ce que l’un d’eux fasse une erreur. Ainsi, pendant le jeudi saint, ils accompagnent différentes processions tout en élevant leur voix vers le ciel avec ces mots brillants de deux des dramaturges les plus importants de la littérature espagnole.

Crasser l’heure, Calanda

Calanda est une petite ville de Teruel, mais elle est internationalement connue pour avoir l’une des plus étranges traditions de la Semaine Sainte. Ou, du moins, l’une des plus bruyantes. À 12h du matin, le Vendredi saint, cette ville entière vibre au rythme des tambours.

Tambour pour casser l'heure à Calanda

Tambour pour casser l’heure à Calanda. | shutterstock

Le fait de crasser l’heure ou romper la hora à Calanda, selon les mots de Luis Buñuel, provoque une émotion indéfinissable, faisant danser la ville pendant deux heures au rythme des tambours. La tradition remonte à l’année 1127 et il est dit qu’elle servait à avertir la population des invasions arabes à cette époque-là.

Los Empalaos ou les empalés, Valverde de la Vera

La semaine sainte est associée à la pénitence et à la souffrance de Jésus, il n’est donc pas surprenant que certaines des traditions de la Semaine Sante les plus étranges y soient étroitement liées. C’est le cas de Los Empalaos, une tradition à Cáceres qui frise le fanatisme religieux. Concrètement, elle se déroule à Valverde de la Vera et a été déclarée Fête d’intérêt touristique national le 18 janvier 1980.

Un empalé dans le village de Valverde de la Vera

Un empalé dans le village de Valverde de la Vera. | shutterstock

Pendant la célébration de Los Empalaos ou les empalés, une série d’hommes qui joueront le rôle de pénitents sont attachés à un soc de charrue en bois à l’aide de plusieurs cordes, le torse découvert et simulant une croix. Incapable d’utiliser ses bras, le pénitent défile en jupons de vieille femme, avec un voile et une couronne d’épines. Tout cela est enveloppé d’une aura de mystère, d’anonymat et de silence, car ceux qui accompagnent le pénitent ne doivent pas parler.


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