Au-delà du Chemin de Compostelle : d’autres pèlerinages en Espagne

Les pèlerinages en Espagne, au sein du monde chrétien et plus particulièrement de l’Église catholique, ont connu leur période de splendeur au Moyen Âge, mais ils jouissent toujours d’une grande importance et d’une grande popularité comme attractions touristiques. L’exemple le plus évident est le Chemin de Compostelle qui, en 2019, a amené plus de 300 000 pèlerins à la ville de Saint-Jacques-de-Compostelle.

C’est sans doute le plus connu, mais ce n’est pas le seul que l’on peut promener en Espagne. De nombreux autres pèlerinages mènent sur des chemins longs, réfléchis et magnifiques, des chemins à explorer tant pour les dévots que pour ceux qui souhaitent vivre cette vie de pèlerin loin de la routine et proche de la nature.

Santo Toribio de Liébana, les pèlerins de la Croix

Monastère Santo Toribio de Liébana

Monastère Santo Toribio de Liébana. | Shutterstock

L’afflux de pèlerins en ce lieu est enregistré depuis le Moyen Âge. Les restes de Santo Toribio, qui est né au Ve siècle à Astorga, reposent dans ce monastère. Ce saint décida de vendre tous ses biens et de se rendre à Jérusalem, où il fut nommé sacristain de l’église du Saint-Sépulcre. De là, il retourna en Espagne avec plusieurs reliques, dont le Lignum Crucis, l’un des morceaux de la croix sur laquelle Jésus-Christ est mort. C’est pourquoi ceux qui se rendent au monastère de Santo Toribio de Liébana sont appelés pèlerins de la Croix.

Le monastère était constitué de simples bâtiments préromans. Au cours des Xe et XIIe siècles, il s’est agrandi, jusqu’à ce que l’église actuelle soit construite en 1256. Quatre routes de pèlerinage principales mènent au monastère, récemment signalées comme des routes de courte distance au sein du réseau de sentiers pédestres de Liébana. Le document certifiant le pèlerinage est connu sous le nom de la Lebaniega.

Caravaca de la Cruz, ville sainte

Vue panoramique de Caravaca de la Cruz

Vue panoramique de Caravaca de la Cruz. | Shutterstock

Le Camino de la Cruz est un ancien chemin de 900 kilomètres qui relie le Chemin de Compostelle à Roncevaux au Sanctuaire de La Vera Cruz, en Murcie, par des sentiers entièrement balisés. Cela illustre bien l’importance de ce temple qui se trouve dans une ville que le pape Jean-Paul II a reconnue comme sainte. Elle était la cinquième au monde à obtenir le jubilé perpétuel.

En plus du Camino de la Cruz, le Chemin du Levant relie Orihuela à Caravaca de la Cruz en cinq étapes de 20 à 25 kilomètres chacune. Il s’agit d’une route très fréquentée et très appréciée qui a pour destination finale cette ville située entre Murcie et Grenade. C’est ici que se trouve le Sanctuaire de la Vera Cruz où, dit-on, deux anges ont déposé un autre fragment du Lignum Crucis.

Chemin de Sainte Thérèse de Jésus, à travers le haut-plateau castillan

Dans le monastère de l’Anunciación de Nuestra Señora de Carmelitas Descalzas d'Alba de Tormes repose la tombe de sainte Thérèse de Jésus

Dans le monastère de l’Anunciación de Nuestra Señora de Carmelitas Descalzas d’Alba de Tormes repose la tombe de sainte Thérèse de Jésus. | Shutterstock

Sainte Thérèse de Jésus est née à Avila et y a passé la majeure partie de sa vie. Elle mourut à Alba de Tormes, où elle fonda son huitième couvent, en 1571, et où elle se retira définitivement, malade, à l’automne 1582.

Le chemin de Sainte Thérèse relie le lieu de naissance et la tombe de sainte Thérèse, couvrant ainsi la province d’Ávila et une partie de la province de Salamanque, en passant par des lieux importants de sa vie et de son œuvre. Il s’agit d’un parcours divisé en cinq étapes au total qui peuvent être effectuées à pied, à vélo, à cheval ou en calèche. L’Andariega est l’accréditation qui certifie ce pèlerinage.

Le Chemin royal de Guadalupe, la Vierge de l’Hispanité

Monastère royal Nuestra Señora de Guadalupe

Monastère royal Nuestra Señora de Guadalupe. | Shutterstock

C’est en 1928 que la Vierge de Guadalupe a reçu le titre de Reine de l’Hispanité. En 1993, le monastère a été déclaré site du patrimoine mondial. Cet édifice religieux est un mélange de styles (gothique, mudéjar, Renaissance, baroque et néoclassique) dont les monarques catholiques étaient déjà obsédés. La reine s’est rendue à Guadalupe seize fois, dont plusieurs en suivant cet itinéraire. Il a été, pendant longtemps, le chemin de pèlerinage le plus populaire d’Espagne.

Aujourd’hui, le pèlerinage a deux principaux points d’origine : Madrid et Tolède. Depuis Madrid, 257 kilomètres au total séparent le pèlerin du temple sacré. Une fois toutes les étapes franchies, le document accréditant le voyage sera la Guadalupense, remise au pèlerin par la communauté franciscaine.

La Chemin Ignatien, sur les traces d’un gentleman

Sanctuaire de Loyola

Sanctuaire de Loyola. | Shutterstock

Ignace de Loyola est né en 1522 à Azpeitia, Gipuzkoa. Il était chevalier au service des monarques catholiques et des empereurs Charles Ier d’Espagne et V d’Allemagne. À un moment donné, une jambe cassée le laisse convalescent et, en manque de romans de chevalerie, il se met à lire la vie de Christ et des saints. Il entame alors, en raison du sentiment réconfortant qu’il trouve dans cette expérience, une véritable conversion au christianisme, décidant de se rendre à Jérusalem en tant que pèlerin. Ignace de Loyola, après cette expérience, a fondé la Compagnie de Jésus, plus connue sous le nom de Jésuites.

Le Chemin Ignatien suit les étapes qui l’ont conduit de la porte de sa maison à la Cova de Sant Ignasi, à Manresa, d’où il a commencé les démarches vers la Terre Sainte. Ce périple traverse cinq communautés autonomes (Pays basque, Navarre, La Rioja, Aragon et Catalogne) sur 27 étapes et un total de 700 kilomètres. Un pèlerinage à faire généralement en une trentaine de jours mais, comme dans tous les pèlerinages, le pèlerin peut choisir son propre rythme. Cet itinéraire a été tracé sur la base des notes personnelles du saint.

Route mariale, temples sacrés au milieu des Pyrénées

La basilique Nuestra Señora del Pilar, à Saragosse

La basilique Nuestra Señora del Pilar, à Saragosse. | Shutterstock

Il s’agit sans aucun doute de l’un des chemins les plus intéressants que l’on puisse emprunter en tant que pèlerin, mais l’orographie des Pyrénées, où se déroule le voyage, ajoute une note supplémentaire de difficulté, que ce soit à pied ou à vélo. Pour cette raison, il est aujourd’hui fondamentalement indiqué de le faire en voiture, en moto ou en bus. L’intérêt de cette Route mariale est qu’elle relie cinq sanctuaires importants situés entre l’Espagne, la France et l’Andorre.

Les lieux à visiter sont, dans cet ordre, Torreciudad, Lourdes, Meritxell, Montserrat et El Pilar, à Saragosse. Des centaines de kilomètres séparent certains endroits des autres, c’est pourquoi de nombreuses personnes choisissent d’emprunter l’une de ces étapes et tentent de la faire en combinant, dans la mesure du possible, véhicule et promenade à pied.


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