L’Espagne la plus brutaliste : 5 bâtiments iconiques

L’une des tendances architecturales qui a le plus marqué l’esthétique des villes au XXe siècle est le brutalisme. Ce mouvement est né après la fin de la Seconde Guerre mondiale, à une époque où les grandes puissances étaient en crise. Un moment où l’art devait utiliser des matériaux pratiques et peu coûteux.

C’est l’origine du brutalisme, dont la principale caractéristique se reflète dans son nom. C’est Le Corbusier qui, au XXe siècle, crée la tendance de l’utilisation du “béton brut” comme matériau de construction à l’aspect sauvage, presque primitif. La première utilisation du terme reviendrait à l’architecte suédois Hans Asplund, qui l’aurait employé en 1949 pour décrire une villa à Uppsala. C’est Reyner Banham qui a adapté le concept en anglais en tant que ” brutalism” ou brutalisme en français.

C’est la définition de Le Corbusier qui donne un sens à cette tendance novatrice, en référence à la prédilection de l’architecte pour le béton. Il faut savoir que, dans une Europe dévastée par la guerre, le matériau le moins cher et le plus résistant disponible était le béton. C’est la base du Brutalisme. Des bâtiments de grandes proportions, dont la matière première, le béton, est le principal protagoniste et qui sont destinés à être des lieux fonctionnels tels que des logements sociaux ou des institutions.

Les principales caractéristiques du brutalisme sont la prédominance du béton, leur grande taille et l’absence d’ornementation. Cela a donné naissance à de formidables bâtiments qui servaient autrefois de grands lieux publics et qui sont aujourd’hui restés d’impressionnants vestiges d’une autre époque.

Le brutalisme est un mouvement mondial qui s’est étendu à une grande partie des pays d’Europe et d’Amérique latine. En Espagne, il existe de grands exemples de ce mouvement “brutal”. On peut les trouver à Barcelone mais surtout à Madrid, car c’est la ville qui en conserve les plus grands exemples.

Torres Blancas ou Tours blanches, les logements de luxe du Brutalisme

Immeuble connu comme Torres Blancas

Immeuble connu comme Torres Blancas. | Shutterstock

Torres Blancas, de Francisco Javier Sáenz de Oiza, est l’un des immeubles les plus caractéristiques du brutalisme en Espagne et se trouve à Madrid, plus précisément dans le quartier de Prosperidad. C’est l’une des bâtisses les plus curieuses et les plus spéciales de la capitale. Son grand intérêt réside dans le fait que, bien qu’il appartienne à la tendance brutaliste, il présente une série de caractéristiques qui en font un bâtiment unique.

Le bâtiment rompt avec la norme selon laquelle le mouvement destinait les immeubles à des logements sociaux, puisqu’il s’agissait de l’un des principaux immeubles résidentiels de luxe de la capitale. En outre, bien que le béton soit l’un de ses principaux matériaux de construction, il utilise également le bois et le marbre pour les terrasses. Son ingénieux jeu de formes lui confère un équilibre et une subtilité rarement vus dans le brutalisme.

Le labyrinthe brutaliste de Walden 7

Walden 7

Walden 7. | Shutterstock

Ce projet architectural de Ricardo Bofill est l’un des bâtiments du mouvement brutaliste les plus connus aujourd’hui. Pour son esthétique particulière et sa forme labyrinthique, qui en a fait une véritable attraction de design. Cet énorme bâtiment a été construit à des fins résidentielles. Il a une superficie totale de 31 000 m2 avec toutes sortes d’appartements.

L’objectif principal de Bofill était de créer un espace doté de jardins et d’espaces communs que les nombreux voisins pourraient partager. En outre, il y a deux grandes piscines au sommet du bâtiment. Tous ces appartements s’articulent autour de cinq cours, qui génèrent un grand espace intérieur dans le bâtiment, créant une sensation de labyrinthe.

Basé sur des formes géométriques, l’utilisation de ces énormes proportions, sa façade austère en béton sans aucune décoration ni détail et le choix de tuiles unies pour ses cours intérieures, confèrent au Walden 7 une personnalité unique. C’est pourquoi cet édifice est l’une des icônes du brutalisme de Barcelone.

La tour de Valencia, un projet polémique

Tour de Valencia, Madrid

Tour de Valencia, Madrid. | Luis García, Wikimedia

Cet énorme bâtiment, situé en face du parc du Retiro à Madrid, est l’un des grands représentants du brutalisme de la capitale. Un projet vraiment polémique qui a failli ne jamais voir le jour.

Fontaine de Cybèle, la Porte d'Alcalá et la tour de Valencia au fond

Fontaine de Cybèle, la Porte d’Alcalá et la tour de Valencia au fond. | shutterstock

Un projet qui a été fortement critiqué pour prendre le rôle principal du panoramique de la Porte d’Alcalá depuis la fontaine de Cybèle et pour ne pas avoir suivi l’esthétique des bâtiments voisins. Cet énorme gratte-ciel reste, à ce jour, l’un des plus hauts bâtiments de la capitale, avec 27 étages et 94 mètres de haut.

Faculté des sciences de l’information, un exemple de brutalisme dans le cinéma

Faculté des sciences de l'information

Faculté des sciences de l’information. | Luis García, Wikimedia

Ce bâtiment est une autre des constructions brutalistes de la capitale espagnole. L’exemple parfait du type de facultés construites à l’époque. Le complexe a été construit en 1971 par les architectes José María Laguna Martínez et Juan Castañón Fariña. Ils ont respecté à la lettre les caractéristiques du brutalisme, en construisant une grande masse de béton où le seul détail qui se détache est le revêtement doré des fenêtres.

Église Notre-Dame du Rosaire des Philippines, l’église brutaliste

L'église Nuestra Señora del Rosario de Filipinas

L’église Nuestra Señora del Rosario de Filipinas. | Luis García, Wikimedia

Ce dernier exemple du brutalisme espagnol se trouve à nouveau à Madrid et correspond à l’église Notre-Dame du Rosaire des Philippines. Bien qu’elle soit tout à fait significative de cette tendance architecturale, il est frappant de constater que, jusqu’à ce jour, elle passe tellement inaperçue aux yeux des passants. C’est un autre exemple de la manière dont le béton domine toute l’esthétique du bâtiment, qui consiste en une grande façade où l’on ne distingue que le christogramme de l’église. Sa caractéristique la plus particulière est l’utilisation de la partie supérieure de la façade, permettant à la lumière de pénétrer dans l’église sous la forme d’une ouverture laminée.


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