Le quartier de Triana de Séville est bien connu pour ses habitants et son ambiance fêtarde tout au long de l’année. La rue Betis, au bord du fleuve et la rue San Jacinto valent la peine d’une visite pour la qualité de ses locaux. À quelques minutes en voiture se trouvent le Monastère de la Chartreuse et son Musée d’Art Contemporain. Ce que nous vous signalons à voir à Triana peut vous occuper toute une journée. Les familles avec enfants peuvent se rendre au Parc Thématique de l’Île Magique. Avec un jour de plus vous pourrez visiter la vieille ville et la zone de la Place d’Espagne où vous trouverez bon nombre de locaux pour manger des tapas à bons prix mais avec moins d’hôtels que dans d’autres parties de la ville comme Santa Cruz et El Arenal ou La Macarena et le centre.

Histoire du quartier de Triana de Séville

Traditionnellement, Triana a toujours été un quartier de marins, d’ouvriers, de potiers et de petits commerçants. Sa célébrité lui est venue de ses toreros, musiciens et danseurs de flamenco, car pendant des siècles les peuples gitans et romanis y ont eu une forte présence.

Les habitants de Triana disent que Astarté, la déesse mère de la Nature et de la Fertilité aurait fondé Triana en y arrivant, fuyant de Hercules. De l’époque romaine on a quelques restes mais son plus grand développement urbain eut lieu sous les musulmans, le quartier s’organisant à l’abri de son château de Gabir qui protégeait ce passage vers Huelva et le port commercial. Lorsqu’ en 1248, Fernando III de Castille y mit le siège, il détruisit en premier le château et le pont de barques fixé par d’énormes chaînes. Une fois conquis, le château fut remis à l’Ordre de Chevaliers aragonais de San Jorge, qui lui donna son nom et le conserva jusqu’en 1280. Il devint alors la première paroisse chrétienne et en 1481 y fut installé le siège du Tribunal de l’Inquisition.

La proximité du fleuve provoqua de nombreuses inondations (très graves furent celles de 1435, 1440, 1545 et 1554). Des carreaux de céramique signalent en certains endroits la hauteur de la crue. Au XVIe siècle s’établit à Triana une colonie de portugais attirés par le commerce avec les Amériques donnant à un faubourg le nom de Portugalete. Le quartier fut un certain temps propriété du Comte Duc d’Olivares (lors de son essai frustré de s’emparer des propriétés du chapitre sévillan).

Quant à la zone de l’île de la Chartreuse, sauf le monastère qui l’occupe depuis le XVe siècle, elle ne fut touchée par l’expansion urbanistique qu’au cours du dernier quart du XXe siècle, à la suite de la construction de l’enceinte pour l’Exposition Universelle de 1992. On y a situé maintenant le Parc Technologique et Scientifique Chartreuse 93, plusieurs dépendances de l’Université de Séville et  le Parc Thématique Isla Mágica (Île Magique).

Un itinéraire pour découvrir le quartier de Triana

Pour visiter la rive occidentale de Séville, nous partirons du Pont d’Isabelle II, plus connu comme le Pont de Triana. À l’origine il y eut un pont de barques ordonné par le roi almohade Abu Yakub ben Yusuf en 1217. En 1857, on y construisit la puissante armature métallique qui continue à être le pont de fer le plus ancien d’Espagne. On y voit la petite chapelle du Carmen (El Mechero), œuvre de l’architecte sévillan Anibal Gonzalez.

Nous arrivons  maintenant  la Place de l’Altozano,  entrée sensuelle et agitée du quartier si populaire de Triana, avec son Marché tout à côté, sis sur un terrain occupé jusqu’en 1841 par l’antique château de Gabir (puis de San Jorge) qui fut le siège de l’Inquisition jusqu’en 1785. Ce pourquoi dans ses caves est installé le Musée de l’Inquisition où l’on peut voir quelques-unes de ses méthodes pour obtenir les confessions des détenus. Sur cette même place, se trouve la Pharmacie de Santa Ana, fondée en 1841, conservant tout son aspect antique

De l’autre côté du marché se trouve Callao (qui abrite la «peña»Trianera fondée en 1932) et commence la rue Castilla. À la place d’une mosquée se dresse l’église de Nuestra Señora de la O (1697-1702), siège de la Fraternité de la O. De forme rectangulaire le temple comporte trois nefs, chevet, presbytère et chœur. On y vénère la Vierge de la O, sculpture sur bois de 1937 de Castillo Lastrucci ainsi que d’autres Images célèbres dont deux de Pedro Roldan. Dans cette rue Castilla, survivent quelques-uns des anciens corrales (enceinte pour représenter des comédies) qui apportèrent la renommée au quartier de Triana.

Un quartier où manger des tapas

Il y a aussi un grand nombre de tavernes et bars où déguster le jus nouveau qui vient dßAljarafe. La chapelle du Patrocinio termine la rue, c’est le siège de la Hermandad del Cachorro, une chapelle du XVIIIe et une autre du XXe qui abrite le célèbre Christ de L’Expiración ou le Cachorro (1682) ainsi nommé pour avoir été inspiré par le visage d’un gitan surnommé le cachorro qui mourut dans les bras du sculpteur, lui servant de modèle pour exprimer de façon directe l’expressivité et le pathétisme baroque du Christ mourant.

Un quartier plein de monuments religieux

De là, nous pouvons retracer nos pas le long de la rue Alfarería, où se trouvent de nombreuses boutiques de poterie de Triana, pour atteindre la rue San Jacinto, l'une des principales artères du quartier. Ici se trouve la Capilla de la Estrella, siège de la confrérie du même nom où est vénéré Notre Père Jésus de las Penas ; sa plante particulière est adaptée aux conditions du terrain, avec une nef rectangulaire inscrite dans une plante polygonale, qui profite des trous pour ouvrir les chapelles latérales. On y trouve également l'église San Jacinto (XVIIIe siècle), de plan rectangulaire à trois nefs, avec un transept et une coupole sur pendentifs soutenue par des colonnes de Salomon. Le Couvent des Minimas, rue Pages del Corro, dont le tracé correspond à la célèbre Cava, lieu pittoresque cité par les voyageurs romantiques passant par Séville vers la moitié du XIXe siècle.

L’église Santa Ana, la “Cathédrale de Triana” la plus ancienne du quartier dont la construction fut ordonnée par Alphonse X le Sage en 1280. De style gothique et saveur cistercienne elle est formée par trois nefs couvertes de voûtes d’arêtes. Sa tour spectaculaire est carrée, le bas mudéjar, puis deux étages surmontés d’un final baroque avec de nombreux pinacles sur les balustrades. Dedans, un merveilleux retable plateresque avec les sculptures à vêtir de Saine Anne et de la Vierge, et quinze peintures sur bois de Pedro de Campaña.

Les édifices civils du quartier, des attraits à ne pas manquer

Non loin, dans la blanche et longue rue Pureza est située l’Université de Mareantes, ou Maison des Colonnes, l’un des édifices civils des plus particuliers du quartier de Triana. Il y a aussi la chapelle de des Marins avec sa Vierge de l’Espérance (entre les plus vénérées de Séville). Patronne des marins (anciennement des potiers en 1418) son passage de pénitence à la cathédrale est l’un des moments des plus importants de la «madruga» (nuit du jeudi à vendredi saints).

De la rue Betis jusqu’au bord du Guadalquivir vous jouirez des plus belles vues sur Séville. La place de Cuba, à la fin est l’entrée naturelle au quartier moderne des Remedios, qui s’ouvre sur l’ancien jardin du couvent des carmélites dont ne nous reste que l’église, de nos jours beau Musée des Carrosses. Par le Pont de San Telmo, on traverse vers la rive droite du Guadalquivir. Jusqu’à 1963, le pont s’ouvrait.

Un quartier marqué par l'Exposition Universelle de 1992

Si vous préférez suivre la même rive du fleuve, il vous faudra prendre un moyen de transport vers le nord, pour l’île de la Chartreuse,  petite île au milieu du fleuve dont l’un des bras a été couvert et transformé en havre du Guadalquivir) où sont restés plusieurs des édifices construits pour l’Exposition Universelle de 1992 (Pavillon de la Navigation, Pavillon d’Espagne. Du Futur, de la Croix des Champs, du C.O.I.), tout comme la structure du Pont de la Barqueta. C’est là aussi que vous trouverez le Parc Thématique de l’île Magique  consacré à la Séville  américaine et où l’eau joue un grand rôle.

Le principal attrait artistique et touristique du coin est le Chartreuse de Santa María de las Cuevas, monastère chartreux fondé en 1400, situé sur un terrain, mine d’argile des almohades (XIIe), tant utilisée par les potiers de Triana, d’où la formation de nombreuses cavités et grottes dans l’une des quelles on découvrit après la conquête la Vierge des Grottes qui fut à l’origine d’une chapelle franciscaine, antérieure au monastère qui l’a remplacée.

La proximité du port facilita la participation des chartreux dans les négoces maritimes, ce qui en ferait le monastère le plus riche d’Espagne, relié à des personnages comme Christophe Colomb, Saint Thérèse d’Ávila ou le Comte-Duc d’Olivares. Après le désamortissement de 1836, les religieux durent partir et passèrent la main aux fabriques de faïence Charles Pickman, et ce devint la célèbre fabrique de céramique de la Chartreuse de Séville qui fonctionna jusqu’à 1980 moment où la zone étant déclarée monumentale, elle fut transférée. Actuellement, s’y trouve le Centre Andalous d’Art Contemporain, qui réunit une collection importante d’œuvres d’artistes actuels entre les plus importants d’Andalousie ainsi qu’une bibliothèque  de muséographie. Vous pouvez visiter les diverses dépendances du monastère, tout comme son cloître mudéjar et tout le reste. Une grande partie des œuvres d’art qui furent le trésor de la Cartuja sont visibles au Musée des Beaux-Arts de Séville.[

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