Que faire à Grenade pendant trois jours

L’ancienne capitale du royaume Nasride est l’une des meilleures destinations d’Andalousie. Autour d’elle se trouve la magnifique Sierra Nevada et de belles villes comme Guadix ou La Calahorra. Au sud, la Costa Tropical baigne des sites balnéaires, reliés par l’A-7. Par exemple Motril, Salobreña ou Almuñécar. Et malgré tout, Grenade capitale reste toujours une destination préférée, parfaite pour une longue escapade.  On ne peut en être surpris, la ville possède l’ensemble de palais monumentaux le  plus important d’Espagne.

Vue de l'Albaicín

Vue de l’Albaicín | shutterstock

Centre de Grenade – 1er jour

Le premier jour est généralement consacré à visiter l’Alhambra. Cependant, nous avons préféré choisir de connaître d’abord son centre historique. Pour ainsi découvrir l’atmosphère de Grenade avant de plonger dans la citadelle arabe et ses jardins. La cathédrale, sa chapelle royale et le monastère de La Cartuja sont au centre de cette première journée, qui s’étirera jusqu’au magnifique palais arabe du Cuarto Real de Santo Domingo. Il est également possible de faire le trajet inverse. Un transfert continuel entre le chrétien et le musulman qui prépare à ce que vous trouverez plus tard dans l’escapade.

Le monastère de la Chartreuse de Grenade

L’un des plus grands représentants du baroque du pays est notre premier arrêt. Notre conseil est d’y venir en transports public, utilisant la même solution pour les autres déplacements car en ville les pentes raides sont multiples. Vous arrivez à un espace relativement ouvert qui offre de bonnes vues. L’origine de ce monastère est à Santa María del Paular, à Madrid près de l’A-1. La communauté de chartreux avait prévu une expansion au XVe siècle qui conduisit à l’ouverture de ce centre au XVIe. La popularité du cloître de Madrid a également inspiré La Chartreuse de Séville.

La Chartreuse de Grenade

La Chartreuse de Grenade. | Wikimedia

Comme pour tous les monuments avec entrée, il est recommandé de les prendre à l’avance. Les heures d’ouverture des monuments du premier jour vont normalement de 10h00 à 18h00, ce qui permet une grande flexibilité. Quant au monument, son nom complet est le Real Monasterio de Nuestra Señora de la Asunción de la Cartuja. Sa construction dura très longtemps avec maintes interruptions, de sorte qu’elle n’ était même pas terminée lors de l’ex-claustration en 1835. Le terrain choisi était les montagnes d’Aynadamar. Un endroit où les musulmans venaient se détendre entre jardins et vergers.

La longueur des travaux a permis à divers maîtres de participer à la décoration de l’ensemble. Ce que l’on voit clairement dans ce qui reste de la Cartuja de Grenade aujourd’hui, dans son église en particulier. Fresques, retables extraordinaires, toiles, stucages  ou sculptures se trouvent mêlés dans un véritable manuel d’art baroque. Des espaces comme le réfectoire ont survécu, malgré la perte du cloître ou des cellules des moines.

Vers le monastère de San Jerónimo

Extérieur des Arènes de Grenade

Extérieur des Arènes de Grenade, ou Monumental de Frascuelo. | R.Fernandez(Flickr)

Aller vers le centre réclame plusieurs arrêts intéressants. L’un d’eux est pour les Arènes de Grenade. Le Real Hospital de Granada réclame l’arrêt suivant. De style gothique plateresque, il fut fondé en 1526. Au fil des années, il a accueilli différents types de patients qui devaient être confinés. Par exemple, on y traitait les malades mentaux ou les victimes de la peste. Après les confiscations, il subit des hauts et des bas. Maintenant c’est le siège du rectorat de l’Université de Grenade et une bibliothèque, tout comme un bon espace touristique.

Monastère de San Jerómino

Monastère de San Jerómino. | Shutterstock

Nous voici maintenant au but, le Real Monasterio de San Jerónimo. C’est encore une fois, la prise de Grenade par les Rois Catholiques en 1492 fut ce qui mena à la construction de ce monastère. Il fut construit au début du XVIe siècle. Son ensemble est spectaculaire et très bien conservé, malgré les dégâts causés par les Français lors de la guerre d’indépendance. Parmi ses nombreux monuments intéressants, il faut citer la tombe du Grand Capitaine, probablement le militaire le plus important de l’histoire de l’Espagne et qui est le plus important dans l’église du monastère . Le cloître, quant à lui est de toute beauté.

Cathédrale de Grenade et Chapelle Royale

L’épicentre politique et belliqueux de la péninsule ibérique à la fin du XVe siècle se trouvait dans la capitale nasride. Autrefois puissante grâce au contrôle de villes comme Alhama de Granada ou Montefrío, elle céda finalement face aux forces chrétiennes. Un vrai reflet en est la cathédrale locale. Avant de visiter le siège épiscopal de Grenade, vous devriez aller déjeuner. Ce qui sera très facile grâce aux vastes possibilités économiques dont la ville fait preuve. Vous avez entre autres des quantités de merveilleuses tapas, qui vous permettent de savourer la gastronomie locale en miniature, arrosée par les vins AOP de la province.

Intérieur de la cathédrale de Grenade

Intérieur de la cathédrale de Grenade. | El Propio templo

Une fois dans la cathédrale de Grenade, vous y trouvez l’aspect réel qui caractérise toute la ville. Ce fut au début, un projet gothique, qui se retrouva entre les mains de l’architecte Diego de Siloé, responsable de la plupart des édifices locaux. Ce qui supposa le passage à un aspect plus Renaissance. Quoi qu’il en soit, l’ensemble  est harmonieux et complète la grande offre d’art sacré que propose l’ancienne capitale nasride. Des ajouts ultérieurs ont généré des espaces baroques mais restreints, afin de ne pas choquer avec le reste du temple. Ses cinq nefs donnent lieu à un bon nombre de chapelles aux décorations remarquables. Il est fortement recommandé de prendre le guide audio, inclus dans le prix d’entrée, pour comprendre tous les indications intérieures.

Chapelle Royale de Grenade

Chapelle Royale de Grenade. | Web du temple

Parmi toutes les annexes de la cathédrale, comme El Rosario ou la Sacristie, la plus importante est sans aucun doute la chapelle royale. C’est un ajout qui a fini par être indépendant de l’ensemble central. Il a suivi les lignes du premier responsable des travaux, Enrique Egas. Par conséquent, il est gothique. Sa mission était dès le début de recevoir les restes royaux. Les plans comprenaient les Rois Catholiques et on considérait que ce serait plus tard, le lieu de repos des Habsbourg. Cependant, Felipe II changea tout avec le monastère de San Lorenzo de El Escorial. Pour cette raison, les tombes que l’on y voit sont celles de Jeanne I de Castille et de son mari, Philippe le Beau, celle de Ferdinand II d’Aragon et celle d’Isabelle I de Castille.

Salle Royale de Santo Domingo

Salle Royale de Santo Domingo

Salle Royale de Santo Domingo | Mairie

Avant de mettre fin à la journée et de vous consacrer à  récupérer des forces pour la visite de l’Alhambra du deuxième jour à Grenade, il y a encore un dernier monument à voir. C’est la salle royale de Santo Domingo. Dans le temps, c’était un palais arabe, construit au XIIIe siècle que l’on associait au quartier du Realejo et à la muraille qui le protégeait. Sa structure bien conservée prouve son caractère musulman, malgré son adaptation en couvent et les désastreux amortissements du XIXe siècle. Une fois vu,  vous n’avez plus qu’à aller dîner dans cette zone centrale, où se trouve également la Place de Isabel II, à côté de la cathédrale.

Alhambra et Généralife – 2ème jour

L’un des monuments les plus célèbres d’Espagne concentre la deuxième journée de ce séjour à Grenade de trois jours. Il commence dans son voisinage pour accéder ensuite à l’enceinte palatiale. La recommandation est de prendre un bon petit déjeuner et de préparer quelque chose à emporter, comme un sandwich, pour profiter au maximum de la visite. Pour l’après-midi,  nous vous réservons la belle descente par la Cuesta de los Chinos et le Paseo de los Tristes avec ses ponts.

Généralife de Grenade

Généralife de Grenade. | Shutterstock

Maison-Musée de Falla et Carmen des Martyres

Avant de nous lancer dans la longue visite de l’Alhambra et du Généralife, il faut faire un bref arrêt dans l’ancienne maison de Manuel de Falla. Elle est située dans le complexe de la fondation dédiée à ce grand compositeur. Bien qu’il soit né à Cadix, Grenade finit par devenir sa résidence préférée. En 1920, il est arrivé dans la ville et en 1921 il déménagea dans ce carmen, une demeure typique de Grenade avec attenant des vergers et un jardin. L’espace musée permet à un moment donné de connaître l’étape lorsque Falla avec Lorca prirent la tête du mouvement culturel nasride, et aussi de visiter l’une de ces maisons caractéristiques. Non loin se trouve le carmen le plus exceptionnel de la ville, celui des Martyrs. Héritier d’un espace arabe, son palais et ses cours du XIX sont d’une grande beauté, ainsi que le jardin qui l’accompagne.

Carmen des Martyres

Carmen des Martyres. | Shutterstock

L’Alhambra

On connait l’existence de ce complexe fortifié depuis le IXe siècle. Son évolution a été liée à celle de la ville, qui d’être un endroit relativement modeste devint l’un des plus importants de l’Espagne arabe. Malgré des renforts au XIe, ce n’est qu’au XIIIe siècle que l’Alhambra commença à briller. C’est alors que le royaume nasride fut établi et, peu après, lorsque ses rois s’en vinrent vivre dans cette forteresse médiévale protégée. Grâce à cela, toute une ville palatiale fortement protégée fut générée à partir de laquelle elle surveillait tout le reste de la ville.

Palais de l’Alhambra à Grenade

Palais de l’Alhambra à Grenade

C’est un long parcours pour lequel il est recommandé de suivre une visite guidée. Sinon, vous risquez de perdre bien des détails car les salles à visiter sont très nombreuses. Pour cette raison, il existe également un article consacré exclusivement à l’Alhambra et aux jardins du Généralife. Dans tous les cas, à titre de bref résumé, voici différents lieux de cette ville palatiale arabe, la plus remarquable du pays avec Medina Azahara à Cordoue. Plusieurs édifices composent les palais nasrides : les palais de Comares, des Lions ou les salles promues par Carlos V. Le palais Renaissance du roi-empereur, l’Hôtel-couvent de San Francisco, les différentes fortifications de l’Alcazaba, les cours ou L’Église de l’Incarnation est également notoires.

La fontaine des Lions dans l’Alhambra de Grenade.

La fontaine des Lions dans l’Alhambra de Grenade.

En parcourant les recoins de cette merveille architecturale, un site du Patrimoine de l’Humanité, il convient de prêter attention aux légendes qu’elle a générées. Celles qui sont rassemblées par l’écrivain américain Washington Irving ont servi à populariser l’Alhambra dans le monde. Le folklore de Grenade et de la forteresse comprend des histoires sur les plaintes de Boabdil sur la perte de la ville et de son royaume, celle du soldat enchanté, la malédiction des abencerrajes ou l’histoire d’Isabel de Solís.

Le Généralife

Le Généralife

Le Généralife. | Shutterstock

Sur le Cerro del Sol, le Généralife a été laissé cette fois pour après l’Alhambra. C’est une villa dans laquelle les rois de Grenade venaient se détendre et se reposer. Un espace jardin datant du début du XIVe siècle consacré aux loisirs. Bien sûr, les architectes réussirent parfaitement à créer un environnement de paix et de détente. Dans l’article consacré à cet espace et à la ville palatiale voisine mentionnée dans la section précédente, nous expliquons ses attraits en profondeur. Petits palais, patios, fontaines, escaliers, jardins… Il est à noter que dans le passé il était séparé de la cité musulmane.

Généralife de Grenade

Généralife de Grenade. | Shutterstock

La Cuesta des Chinos

Il se fera tard quand vous devrez quitter l’Alhambra et le Généralife. Nous vous proposons de le faire par le Paseo de la Cuesta de los Chinos. Cette descente sépare les deux éléments et signifiait l’accès au second. Ce n’est que au XXe siècle que la connexion entre les deux fut exécutée. En descendant, vous pouvez contempler les bastions, ainsi que les différences de niveaux qui caractérisent cette partie de la ville. Une fois de plus, le mélange arabe et chrétien est présent sur le chemin vers le cours de la rivière Darro. Une curiosité : son nom vient du moment où le chemin était pavé de petites pierres dites chinoises. Il s’appelait également Cuesta del Rey Chico.

L’Alhambra et la Cuesta de los Chinos

L’Alhambra et la Cuesta de los Chinos. | Hernandez Miguel Vico

Il aboutit au pont de l’ Aljibillo et au Paseo de los Tristes. On l’appelait ainsi car au XIXe siècle, c’était le chemin du cimetière local. Dans tous les cas, il traverse la vallée du Darro permettant certaines des meilleures vues sur l’Alhambra. C’est une promenade à faire d’une façon détendue, compte tenu de la durée de la journée, avec des petits arrêts dans les bars. Le long de la voie navigable, vous trouverez différents ponts qui caractérisent cette promenade.

L’Albaicín et l’abbaye du Sacromonte – 3ème jour

Pour compléter cette escapade de trois jours à Grenade, deux quartiers très représentatifs restent à voir : L’un est l’Albaicín et l’autre le Sacromonte. Tous deux sont très proches et ont leur propre histoire. Ils ont des églises, des places et des ruelles à parcourir En tout cas, c’est une journée plus détendue que la précédente, au cours de laquelle ce qui compte le plus n’est pas tant de voir des sites précis que de profiter de l’ambiance locale.

L’Albaicín et l’Alhambra

L’Albaicín et l’Alhambra. | Shutterstock

En promenade dans l’Albaicín

Le matin du dernier jour, peut commencer dans l’Albaicín. Il y a de nombreux quartiers homonymes en Espagne, par exemple à Sanlúcar de Barrameda, Antequera ou Pastrana à Guadalajara. On pense que le quartier surgit comme un faubourg médiéval après la chute du califat de Cordoue, lorsque les habitants de l’ancienne cité d’Ilíberis se rapprochèrent de la citadelle. C’est ainsi qu’est née la relation entre le quartier et Grenade.

Son amalgame de ruelles est tout un héritage à la fois nasride et Renaissance. Ce méli-mélo lui a valu d’être déclaré site du Patrimoine mondial avec l’Alhambra et le Généralife. Bien que ce soit une visite assez libre et dépendante de ce que vous voulez marcher, nous vous suggérons de commencer depuis le palais Dar Al-Horra. Au sommet de l’ancienne citadelle qui fortifiait cette partie de Grenade à l’époque taifa, ce qui représente une bonne promenade à travers l’histoire nasride. C’était une résidence royale habitée par des personnages bien connus comme Aixa, mère de Boabdil et épouse de Muley Hacén, roi qui donne son nom à l’un des sommets les plus importants d’Espagne.

Panoramique du Quartier de l'Albaicín

Panoramique du Quartier de l’Albaicín | shutterstock.com

De là, vous pouvez vous rendre au mirador de San Cristóbal après avoir jeté un coup d’oeil au couvent de Santa Isabel La Real. Un autre mirador exceptionnel est celui de San Nicolás. Aller à nouveau sur les rives du Darro pour voir les bains arabes de Bañuelo ou la Maison Zafra médiévale, avec son centre d’interprétation sur l’Albaicín, peut être une bonne idée. Vous pouvez en profiter pour déjeuner avant d’aller à l’Abbaye du Sacramonte.

Abbaye du Sacromonte

Le grand monument que l’on voit au cours de ce troisième jour est l’abbaye du Sacromonte. Son histoire remonte à la fin du XVIe siècle, lorsque divers restes archéologiques de l’époque romaine furent découverts sur le site. Parmi eux se trouvaient les reliques de celui qui fut le premier évêque de la ville. La cité antérieure à Grenade s’appelait Ilíberis. On trouva également des écrits sur plomb associés à la population mozarabe, des faux et des restes de fours romains. Ce qui provoqua une extraordinaire explosion de dévotion. L’ensemble de grottes sacrées dérivées fut ouvert en 1598 et le monastère peu de temps après, au XVIIe siècle.

Collégiale de l’Abbaye du Sacromonte

Collégiale de l’Abbaye du Sacromonte. | abadiasacromonte.org

Reliée par un chemin depuis le début avec le centre, vous pouvez vous y rendre en transports en commun ou en voiture. Vous pouvez aussi y aller  à pied. L’ensemble offre de beaux miradors et a été restauré ces dernières années. Une fondation privée en a été la responsable. Depuis le XVIIe siècle jusqu’au dernier tiers du XXe, ce fut une université et un collège. Les visites sont avec guide et durent une heure, deux si vous choisissez de voir  toute la collection artistique complète.

Le quartier du Sacromonte

Quartier du Sacromonte

Quartier du Sacromonte. | Shutterstock

Connu sous le nom de quartier gitan, vous pouvez le voir en allant à l’abbaye avec laquelle il partage le nom. Au retour, un excellent arrêt est pour le musée des grottes du Sacromonte. Ces maisons qui creusées dans la roche montrent comment on y vivait. Tout un rappel du  village de Setenil de las Bodegas. Et nous pourrons aussi en apprendre plus sur l’histoire du flamenco local. Les amateurs de ce genre musical ont une place exceptionnelle au Sacramonte. C’est pourquoi nous l’avons laissé pour la fin de la journée. Vous pourrez ainsi en profiter pour aller assister à l’un des tablaos, jouir d’un beau spectacle et d’un bon dîner.


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