La plus grande des îles Baléares est particulièrement associée au tourisme. Avec Ibiza, Formentera et Minorque, dont Cabrera, Majorque est l'un des plus grands  pôles d’attractions de la Méditerranée espagnole. C'est précisément pour cette raison qu'elle est généralement associée aux criques paradisiaques et aux sports nautiques.

Cependant, à l’intérieur de ses terres, les irrégularités du terrain offrent également des paysages spectaculaires. Sans atteindre les hauteurs volcaniques des îles Canaries, les montagnes de Tramuntana vous permetent de vous perdre entre des torrents et des ravins. À côté du sommet de ces montagnes se trouve le lac Gorg Blau, une enclave d'une beauté calme que l’on ne doit pas confondre avec l'emblème de Gérone dont il partage le nom.

Le paysage récent de Gorg Blau

Bien que le lac semble aussi naturel que celui de Sanabria, Gorg Blau est né au début des années 70. Majorque n'a que deux lacs de barrage dont l’un est ici. L'endroit fut été inondé entre 1971 et 1972. En français, le nom signifie "piscine bleue". Une bonne description pour ce plan d'eau qui jouit de cette jolie couleur. Le nom est commun, comme nous l'avons vu, et il est également partagé en espagnol avec un puits dans la province de Burgos. On le trouve aussi entre les deux plus grandes variations de niveau majorquines, ce qui apporte une verticalité remarquable de ses latéraux. À l'ouest se trouve le Puig Mayor, avec 1 445 mètres. De l'autre côté, Puig Massanella, avec 1364. Il présente presque une continuité avec le lac Cúber, étant possible de voir les deux ensembles depuis plusieurs endroits.

Une route longe le bord ouest du lac artificiel, très agréable avec des parkings. Ce qui permet d’y arriver facilement depuis le côté d’Escorca ou de Sóller et de Biniaraix. En longueur, d’un bleu brillant qui contraste avec le vert et le gris de la montagne, il est particulièrement adapté pour y venir en hiver. C'est alors qu'il est le plus plein. De plus, lorsque la Tramuntana est enneigée, le spectacle visuel est formidable, majuscule....

Un lac controversé sur un torrent acclamé

Avant  que ne se fasse le barrage, le potentiel électrique de Gorg Blau était déjà utilisé. Ainsi, en 1906, le site voisin de Cals Reis hébergeait une centrale électrique. À cette époque et jusqu'à ce qu'il soit décidé de construire l'infrastructure hydraulique actuelle, le torrent Gorg Blau était célèbre pour des raisons très différentes. Comme maintenant,  on en admirait sa beauté. Au lieu d'un lac presque alpin, il y avait une gorge profonde. La seule chose commune était le bleu profond des eaux.

À l'extrémité nord de Gorg Blau, du côté d'Escorca, un tunnel donne accès au lac par la route. Cela crée une sensation impressionnante. À l’époque, il y avait un pont, qui profitait du rétrécissement maximal de la gorge. Ainsi, les descriptions rappellent d'autres points en Espagne comme le Mont Rebei, le Caminito del Rey ou la route du Cares. Étant entre les deux plus hautes montagnes de l'île, la verticalité s’ exagérait. Le chemin parcourait la partie inférieure, avec les rochers au-dessus de la tête.

Ce torrent, qui prend naissance avant le lac et continue ensuite jusqu'à Pareis dans une section appelée Sa Fosca, attira les regards des écrivains des Baléares et de la péninsule. Par exemple, l'écrivain et journaliste barcelonais Pau Piferrer i Fàbregas a visité le site avec le lithographe Francisco Javier Parcerisa. Ensemble, ils ont réalisé les premiers volumes de Memoires et Beautés d’Espagne. Ce grand travail est un fantastique exemple de littérature de voyages et d’archéologie romantique. Gorg Blau est considéré comme un site exceptionnel et triste jusqu’à un certain point.

Quant à Joaquim Mir, également peintre de Barcelone, Gorg Blau lui a inspiré son célèbre vitrail majorquin ou La Poza Azul. Une conception monumentale de 1911 conservée au Musée national d'art de Catalogne. Divisé en trois parties et représentant un environnement digne de l'Eden, en ligne avec ce qui était perçu de l'enclave à l'époque. Une autre œuvre d'art généré par la gorge était le poème Gorg Blau de Miquel Costa i Llobera. Le créateur de Pollença, né en 1854 et mort à Palma en 1922, a consacré plusieurs strophes à la description des lieux.

Tout cela montre clairement pourquoi il eut une grande controverse sur le sacrifice d'une bonne partie du ruisseau Gorg Blau dans les années 70. Sans compter que du côté est il y a le gisement talayotique, culture préhistorique majorquine, d'Almallutx. Une partie est encore visible, mais le reste est sous l'eau. Par conséquent, bien qu'aujourd'hui la beauté de la piscine bleue soit évidente, il semble que par le passé elle était bien supérieure.

Visiter le Gorg Blau

Comme nous l’avons dit, l'accès routier est facile. En plus de pouvoir se garer, il y a des sentiers qui permettent faire le tour du lac. Bien que non marqués, on ne s’y perd pas à l'aide d'un GPS mobile. Il existe des options de randonnée simples, qui restent sur les bords de celui-ci et vous permettent de découvrir le gisement d'Almallutx. Vous pouvez voir les restes d'une paire de sanctuaires séparés et de deux talayots, de petites tours de guet, toujours avec le respect nécessaire qu'une telle visite requiert.

Il est également possible d'augmenter la longueur de la promenade, à un niveau moyen, et de monter jusqu’au Coll de la Massanella. Dans ce cas, il est conseillé de mieux préparer l'itinéraire, qui prend également en charge les variantes en BMX. Vous pouvez également ne profiter que des belvédères accessibles en voiture. Le lac Cúber, quant à lui, a également de très belles vues. Il convient de noter que dans les deux lacs, il y a des abris de montagne. Il est facile de compléter la journée car Sóller, Inca ou Lluc sont à deux pas en voiture. Une autre alternative est de visiter les criques voisines, du côté nord-ouest de l'île de Majorque.