Hercule, Héraclès pour les Grecs, n'est pas le dieu de l'amour, mais c'est comme s'il l'était. Il y a de très longs siècles, entre les bras du fleuve Guadalquivir, il jouait le rôle d'un célestin. Il est tombé amoureux de sa terre fertile et rurale, pour la présenter ensuite au reste des civilisations qui n'ont pas osé traverser l'océan Atlantique. Il a fondé et baptisé cette enclave du nom d e Séville. Mais comment Hercule et la capitale de l'Andalousie se sont-ils rencontrés ?
En 1000 avant J.-C., les voyages des marins en Méditerranée deviennent de plus en plus fréquents. Les plus courageux ont réussi à atteindre le continent africain, se sont arrêtés dans l'Égypte moderne pour s'enrichir et un peu plus à l'ouest, ils ont osé naviguer. À ce stade, le héros doit faire son apparition. Le protagoniste de l'histoire n'est autre que le demi-dieu de la culture classique, Hercule. Il est le fils du dieu Zeus, mais il s'est battu pour gagner son propre nom.
Sa bravoure et ses pouvoirs étaient surhumains. Rien ne pouvait l'arrêter lorsqu'il s'est retrouvé face à ce qui unissait ou séparait, selon le point de vue, l'océan Atlantique de la mer Méditerranée. La légende veut que là où il y a de l'eau aujourd'hui, il y avait autrefois de la terre. C'est Hercule lui-même qui l'a renversé de toute sa force pour pouvoir passer sur la péninsule. Fils de Zeus et doté d'une force presque illimitée, il a pourtant eu du mal à traverser à cause du grand courant sur lequel il naviguait. L'effort a vite porté ses fruits.
Il poursuit son voyage d'exploration le long de la riche côte de la péninsule méridionale jusqu'à ce qu'il atteigne l'embouchure du fleuve qui traverse l'Andalousie d'est en ouest, le Guadalquivir. Et là, il est entré dans le flux inconnu et mystérieux. Séduit par le paysage, il a atteint un territoire qui se trouve entre les bras du cours de la rivière. Et ainsi commence cette partie de l'histoire du héros.
Hercule a tué le roi des Tartessiens, Géryon, avec une flèche empoisonnée. Mais ce n'est pas sur ce tir de flèche que nous écrivons maintenant. La première flèche d'Hercule fut celle qu'il éprouva pour cette terre des rives du Guadalquivir qu'il venait de découvrir. Il l'appela Híspalis, ce qui signifie plaine près d'un fleuve. Plus tard, ce fut l'actuelle Séville.
Selon les légendes, le roi Géryon était également le monarque de ces terres. Le territoire était riche en bétail et plein de taureaux. Le héros s'est vite habitué à la terre et à ses habitants. Il a créé à Híspalis une industrie commerciale si importante qu'il a réussi à prendre le contrôle du commerce des fourrures sur tout le territoire de l'Andalousie. En plus d'être le plus fort, il était un homme d'affaires à succès.
Dès l'instant où Híspalis et le héros se sont rencontrés, on a su que leur amour allait durer. Hercule est toujours présent dans de nombreux endroits de la capitale et sous différents types de formats. La plus importante se trouve à l'hôtel de ville de Séville, sur la Place Nueva, où se trouve une statue commémorant la figure du fondateur. La façade présente également les deux colonnes d'Hercule. Finalement, l'élément architectural est devenu un emblème de Séville et aussi de l'Andalousie. Ce demi-dieu est si important pour la communauté andalouse qu'il est également représenté sur son drapeau.
L'Alameda de Hércules ne porte pas seulement le nom de ce navigateur héroïque qui est devenu plus tard un demi-dieu. Parmi les hommages, les colonnes qui décorent l'espace. Au sommet de l'une d'elles, Hercule surplombe tout ce qu'il a vu et dont il est tombé amoureux pour la première fois. Cette place caractéristique est une visite touristique incontournable à Séville. C'est aussi un lieu de rencontre en terrasses ou en bancs pour le plaisir des habitants de la capitale andalouse.
Mais cela ne s'arrête pas là. Dans cette histoire, il y a un héros protagoniste aimé par sa ville. La seule chose qui manque est une muraille et des dragons. Il y a pas des dragons, mais il y avait une muraille, oui. Séville était entourée à l'époque romaine par une muraille, dont il reste des vestiges dans le centre-ville à côté de l’Alcazar royal. La porte était située sur la mythique place sévillane de Puerta Jerez. Sur une plaque apposée sur sa porte, on pouvait lire : "Hercule m'a fondé, Jules César m'a entouré de murailles et de hautes tours et Dieu m'a gagné avec Garci Pérez de Vargas".
Cette relation est l'exemple parfait de la façon dont le mythe et la réalité peuvent aller de pair. Ce qui est une réalité, c'est la magie de se promener en sentant les fleurs d'oranger de Séville. Ce n'est pas une coïncidence. Elle a été fondée non pas par un mortel, mais par un héros, et cela se respire dans ses rues. Une histoire d'amour mutuelle, une relation consolidée.