Alcalá de Henares est l’une des villes entre les plus importantes de la Communauté de Madrid. L’Université Complutense originale s’y établit, se trouvant entre les plus notoires de l’histoire de l’Espagne. De même c’est là que naquit Miguel de Cervantes Saavedra, l’homme littéraire probablement de plus d’influence de la langue castillane. Non loin de sa maison natale, dans la rue Mayor de Alcalá se trouve une autre institution centenaire, méconnue, cependant de grande importance : l’Hospitalillo de Antezana, considéré comme l’hôpital le plus ancien d’Espagne toujours en service.
Dès ses débuts, ce fut un endroit pas bien grand, destiné à soigner les sans ressources. Ce caractère conduisait à des séjours d’une certaine longueur parfois, trait qui s’est conservé sans interruption pendant des siècles. C’est pourquoi, les derniers bénéficiaires des œuvres de l’hôpital d’Antezana sont des personnes âgées. C’est ainsi qu’il sert de résidence-hôpital de vieillards. La liste d’attente pour y être admis est très longue.
Le ménage formé par Don Luis de Antezana et Doña Isabel de Guzmán furent les promoteurs de l’institution. Lui, était un chevalier royal, et elle appartenait à la très ancienne Maison de Guzmán qui remontait au XIIe siècle. Quoi qu’il en soit, leur testament disait clairement qu’ils voulaient qu’une bonne partie de leur héritage soit consacré à assister les malades pauvres. Grace à eux, en 1483, moment de la datation de leurs dernières volontés, on fonda l’antique hospital de Notre Dame de la Miséricorde.
536 ans ont passé depuis lors et il n’a jamais cessé de fonctionner. Ce travail ininterrompu est ce qui a permis de le considérer comme l’hôpital en service le plus ancien et l’un des plus vétéran en Europe. Sur notre terre et patrie, l’hôpital de Sant Pau de Barcelone, fondé en 1401 (fruit de l’union de 6 autres institutions) est en compétition avec lui, mais il changea d’édifice dans les débuts du XXe siècle, entre 1902 et 1930, tant que durèrent les travaux. Donc, malgré les différences de fonctions des deux, on considère l’Hospitalillo comme le doyen.
L’humble caractère de l’hôpital le plus ancien d’Espagne toujours en service n’a pas empêché que d’illustres personnages historiques aient séjourné entre ses murs. Le plus célèbre probablement fut Saint Ignace de Loyola. Avant de créer la Compagnie de Jésus, le basque vécut d’une façon quelque peu mouvementée. Après s’être récupéré de blessures de guerre dans sa Guipuscoa natale il s’en fut à Barcelone et Manresa. Puis après être passé par Rome et Jérusalem, il vint étudier à Alcalá de Henares
Pendant son séjour, entre 1526 et 1527, Saint Ignace de Loyola logea à l’hôpital d’Antezana. Il ne le fit pas en tant que malade, sinon comme cuisinier. L’endroit où il y travaillait a été conservé grâce à sa rapide renommée et à la dévotion qu’il créa. De même, la chambre où il dormit, des plus sobres est encore un site à part dans tout l’ensemble. Une partie de l’espace original est occupé par la coupole de la chapelle, du XVIIe, annexe à l’église de l’Hospitalillo.
Moins sûre est l’activité de Rodrigo de Cervantes, père de l’auteur du Quichotte. La maison natale de l’écrivain était au 48 de la rue Mayor de Alcalá de Henares et l’antique hôpital Nuestra Señora de la Misericordia au 46. Étant donné que Rodrigo de Cervantes était chirurgien faisait des saignées, on pense que ce devait être un habituel des lieux. C’est donc là, un des nombreux jalons que l’on associe à l’écrivain.
De même, le caractère de l’hôpital d’Antezana attira l’attention de celui qui finirait par être le Pape Francisco. Jorge Mario Bergoglio vint à Alcalá au cours des années 70, lors des épreuves définitives pour entrer dans la Compagnie de Jésus. Il profita de l’occasion pour visiter l’humble institution où vécut le fondateur de l’ordre à laquelle il accédait. À cette époque, c’ètait déja un hôpital-résidence.
Don Luis de Antezana et Doña Isabel décidèrent que devait être crée une confrérie pour gérer l’hôpital en service le plus ancien d’Espagne. Neuf chevaliers devaient former l’organe chargé du fonctionnement de l’Hospitalillo. Ce nombre n’était pas choisi au hasard, il correspondait aux mois de grossesse de la Vierge. Il n’avait alors que 12 lits à peine et de là son Maintenant il accueille 23 personnes Jusqu’à 2006, ce furent les Siervas de María Complutenses qui prenaient soin de 12 vieillards sans recours et souffrant de maladies chroniques.
La confrérie s’est perpétuée de nos jours sous forme de fondation. Constituée en 2004, elle dirigea avec la mairie d’Alcalá de Henares la restauration de l’hôpital d’Antezana. Entre 2011 et 2015, on transforma l’espace, mettant en valeur certains éléments originaux de grands prix qu’avaient été cachés lors de la restauration de 1904, comme la façade néoclassique visible actuellement. Deux ans plus tard, on fit un musée d’une partie de l’ensemble que l’on peut donc visiter.
Le public peut le parcourir de mardi à vendredi à 13h30 et à 19h. Les fins de semaines et jours de fête jouissent d’un horaire multiple. Pour 2€ vous pouvez contempler la cour mudéjar, une grande partie des zones restaurées, la chambre de Saint Ignace, le musée et le jardin.
Une cour castillane est le cœur de l’hôpital le plus ancien d’Espagne toujours en service. De plus il possède une église baroque restaurée en 1800 où depuis les années 30 reposent les promoteurs de l’œuvre. Dans l’église on remarque un retable du XVIIe consacré à la titulaire: Notre Dame de la Miséricorde. Sa noble origine assure une qualité notoire aux peintures de son petit musée. Il est clair que cet hôpital d’Antezana si résistant sera pour longtemps une visite obligatoire pour quiconque vient à Alcalá de Henares.