Porís de Candelaria, un trésor blanc caché parmi les rochers

Porís de Candelaria est un mystère de la nature. Un de ceux qui ont le pouvoir de passer inaperçus pour ceux qui ne sont pas prêts à les révéler. Un murmure porté par les plumes des oiseaux volant sous le vent, soulignant les nuages et les falaises. Porís de Candelaria est un trésor, d’aventures et de pirates, de calme et de couchers de soleil de pêche. Une contradiction entre le silence d’une grotte, et le cri des maisons blanches annonçant la présence des hommes.

Le village apparaît, inscrit dans l’orographie de l’île de La Palma, comme apparaissent les miracles, formant des hyperboles dans les paysages. Jumelée aux volcans, aux sentiers côtiers, aux forêts de pins des Canaries et aux couchers de soleil, il s’allie aux étoiles et aux horizons. Il célèbre les festivités avec un firmament profond, à peine audible depuis l’observatoire de Roque de los Muchachos, en attendant, peut-être, d’être découvert à nouveau.

Porís de Candelaria

Porís de Candelaria. | shutterstock

Tijarafe, le gardien du secret

La municipalité de Tijarafe, nichée parmi les pins et les amandiers au nord-ouest de l’île de La Palma, est chargée de garder le secret de Porís de Candelaria. Parsemé de miradors et de terres consacrées à la culture de la banane canarienne, Tijarafe offre des possibilités infinies de s’émerveiller devant un paysage qui parle de lui-même, sans avoir besoin de sous-titres.

En traversant cette région on entame un voyage inattendu à travers des mondes et des univers différents, à commencer par une rangée de balcons naturels donnant sur le vide turquoise d’une mer profonde. Imitant peut-être les balcons de l’architecture coloniale de l’île, ils résistent au vent, tout comme ils ont résisté à l’ordre de démolition de Philippe II, perdue dans les eaux de l’Atlantique avec le navire qui transportait l’ordre.

En continuant, la route descend vers les abîmes et les ravins, le Jurado, avec sa plage pierreuse et solitaire, tente le visiteur avec un bain frais et rafraîchissant, après une marche à travers un terrain accidenté. Pieds nus, il est possible de laisser une trace de pas sur le sable noir volcanique de la Plage de la Veta. Ensuite, la Caldera de Jieqe abrite un microclimat exceptionnel, comme s’il s’agissait d’un univers particulier et unique.

Caldera de Taburiente, depuis le Roque de los Muchachos

Caldera de Taburiente, depuis le Roque de los Muchachos | Shutterstock

Cette gorge, taillée au couteau dans la montagne, suivant le schéma de la Caldera de Taburiente, s’ouvre dans la roche, entourée de petites zones boisées. Ici, au cours du XIXe siècle, les habitants de Tijarafe ont ouvert une route à la recherche d’eau et de sources naturelles. Les chèvres, habituées au terrain impossible, se promènent à l’aise dans ces terres profondes aux riches pâturages, pleines d’espèces endémiques, préservées sous la protection de son microclimat. Même les chèvres, agiles et expertes en saut, n’osent pas descendre le sentier côtier qui atteint les abysses du port naturel caché parmi les falaises de l’île, Porís de Candelaria.

Grotte, maison et port naturel

La nature volcanique de l’île de La Palma a des paysages grandioses, où la nature est singulière et tranchante. Les montées et descentes d’un terrain qui façonne des falaises, des ravins et des grottes deviennent bien plus que cela, surtout à Porís de Candelaria.

Dans cet endroit onirique, un village de petites maisons blanches habite un poumon naturel formé à l’intérieur d’une grotte de plus de 50 mètres de haut. À l’intérieur, avec la mer calme, la baignade devient une option rafraîchissante et aventureuse, qui ouvre les portes à des fonds marins pleins de vie.

Les maisons blanches de Porís de Candelaria, entre les rochers de la grotte

Les maisons blanches de Porís de Candelaria, entre les rochers de la grotte | Shutterstock

Pour y accéder, il faut laisser derrière soi le village de Tijarafe et prendre une route vers la mer. Après une piste goudronnée, il faut laisser la voiture dans les parkings pour continuer à pied sur un chemin qui descend vers la côte. En dix minutes à peine, vous atteignez ce lieu, encadré par des parois rocheuses qui touchent le ciel, à près de 200 mètres au-dessus du niveau de la mer.

La première vue de Porís de Candelaria est un choc. Une exclamation dans laquelle la mer parle et les petites maisons, aux portes et fenêtres bleues, placent les signes de ponctuation. L’odeur du salpêtre se mêle à une autre, plus indéfinie, ancestrale et sauvage. D’une certaine manière, vous pouvez sentir dans l’air que vous entrez dans une zone qui a été habitée et respectée depuis très longtemps.

Les aborigènes de l’île de La Palma connaissaient déjà l’existence de ces profondeurs, qu’ils utilisaient pour la pêche. Mais l’arrivée des Castillans a transformé l’endroit en une parenthèse rocheuse d’une importance particulière. À la fin du XVIe siècle, son importance est documentée par une référence à un port d’où partaient des cargaisons de blé, près de la côte de Tijarafe. De là, de nombreux habitants sont également partis à la recherche d’une meilleure destination, s’embarquant pour les Amériques.

Barques de pêche à Porís de Candelaria

Barques de pêche à Porís de Candelaria. | shutterstock

C’était un point d’approvisionnement en eau, car il y a un puits près de la grotte qui ne tarit pas même en été. Les habitants se sont réfugiés dans la grotte, avec leur bétail, pour échapper à la chaleur de la surface. C’était aussi une porte ouverte à la communication et au commerce, car c’était une entrée maritime naturelle, à laquelle on pouvait accéder depuis d’autres parties de la région ou de l’île elle-même.

Aujourd’hui,  la grotte continue d’offrir un abri d’été à de nombreuses familles, et certaines maisons ont plus de 80 ans. C’est aussi un lieu de rando et d’excursions, d’où l’on peut contempler des levers et des couchers de soleil quasi souterrains. Point de départ des explorations des fonds marins appartenant à la réserve marine de Isla de la Palma, qui est entièrement une réserve de biosphère. Rester à la surface ou s’immerger dans les profondeurs garantit une expérience unique. Des anémones tropicales, des grands dauphins ou des tortues caouannes, jusqu’à l’esprit d’un pirate qui refuse de quitter son attente, juste à l’extérieur de la Grotte Bonita voisine.

Navigation vers Porís de Candelaria

Voir Porís de Candelaria depuis un bateau, c’est rester fidèle à l’essence même de son nom. Porís signifie port naturel ou jetée, très similaire au terme portugais proíz, ou au catalan proís. Il est également courant d’entendre le nom de Proís de Candeleria. Un nom qui sert à décrire le lieu, d’après l’Académie royale espagnole, comme une pierre à laquelle un bateau est amarré. Dans ce cas, baptisé par la Vierge de Candelaria, protectrice de la zone du ciel et de la terre.

Porís de Candelaria, vu de l'eau

Porís de Candelaria, vu de l’eau | Shutterstock

Pendant la traversée, il est facile de rencontrer des compagnons de voyage, des baleines ou des dauphins désireux de jouer parmi les sentiers dessinés à la surface. Leur accueil n’est qu’un avant-goût des merveilleuses rencontres qui attendent le marin. Dès le départ, depuis le port de Tazacorte, le parcours est coloré par la nature.

La Plage de la Veta ou la Grotte Colorada sont des étapes obligées. Mais lorsque vous naviguez vers Porís de Candelaria, on comprend immédiatement que rien ne manque dans ce paysage impressionnant. Juste un coin sur une île, dont on comprend le surnom. Une terre magnifique, pleine de trésors plus imposants que ceux des anciens corsaires. La côte de Hiscaguán, un monument naturel à la biodiversité, la rivière Taburiente, unique en son genre, la route des volcans…

Coucher de soleil, contemplé depuis Porís de Candelaria

Coucher de soleil, contemplé depuis Porís de Candelaria | Shutterstock


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