L'Espagne est un pays très prolifique en fêtes. Qu'il s'agisse de pèlerinages aux églises, de célébrations liées à des saints, héritages d'un passé lointain ou de réjouissances récentes, la variété plait à tous. Il est facile d'avoir vécu certaines des plus connues, car elles attirent non seulement les habitants locaux, mais aussi les touristes nationaux et les étrangers. Elles ont lieu tous les ans, mais en fait il y a toujours eu une première fois. Il est donc intéressant de connaître l'origine de ces célébrations. Sans plus tarder, voici depuis quand les principales fêtes espagnoles ont leur origine et une brève revue de leur histoire.
L'origine des fêtes au cours desquelles éclate le plus de poudre à canon de toute l'Espagne, Patrimoine mondial, remonte au moins à 1774. Cependant, on pense que les événements qui aboutirent aux célébrations actuelles eurent lieu bien avant. Qu’ils étaient associés à la fête de San José et à la corporation des charpentiers de Valence dont il était le patron. On ne sait pas si la veille du 19 mars on faisait des petits bûchers pour brûler les déchets et décombres. Ce pourrait être l’ancêtre de la Cremà de las Fallas. Petit à petit l’ensemble se standardisa et en 1558, ce devint une occasion continue.
Les bûchers devinrent des sculptures satiriques et plus tard de véritables œuvres d’art. Ces fêtes s’étendirent dans les villages environnants. À partir de la fin du XIXe siècle, on commença à repartir des prix pour les meilleures œuvres. À cette époque, les tensions entre les autorités et les organisations des Fallas furent très fortes. Ce qui conduisit à l'annulation des festivités en 1886 en raison d'une augmentation d'impôt. Dix ans plus tard, elles furent à nouveau annulées en raison de l'état d'urgence militaire découlant de la guerre de Cuba. Pendant l’époque de la guerre civile, de 1937 à 1939, aussi elles furent annulées. Bien que certains actes officiels aient été omis après le 11 mars, les Fallas furent finalement brûlées. Cette année, en 2020, dans le cadre du COVID-19 elles sont reportées. Ce sont les seules fois où cette fête n’a pas eu lieu.
Les confréries remontent aux XIe et XIIe siècles. À cette époque, les secteurs laïques se réunirent pour vivre activement leur religiosité. Ils contribuaient à différentes tâches, comme la construction ou la charité. Au fil des décennies elles se consolidèrent pour devenir un élément essentiel de la société, adorant les saints et donnant naissance à une riche imagerie, la représentation de figures sacrées. Mais c'est au XIVe siècle que les confréries de pénitents, processionnelles, furent crées.
La Semaine Sainte a toujours été, depuis le début du christianisme une époque clé. Ce fut à l'époque romaine que fut décidé quand devait avoir lieu le jour de Pâques de résurrection : le premier dimanche après la première pleine lune à l'équinoxe de printemps. Ce point culminant du calendrier catholique fut une révolution en Espagne avec les pénitents. La Contre-réforme dans sa lutte contre le protestantisme ou la vision dépressive provoquée par pestes et quarantaines furent à l'origine de cette explosion. Les flagellants, qui marchaient en se déchirant le dos, ont survécu jusqu'à ce qu'ils soient interdits par Charles III. L'environnement sacré et sombre domine dans des zones comme León ou Zamora, tandis que la dévotion explicite prévaut à Séville ou à Malaga. Quoi qu'il en soit, c'est une tradition qui a été célébrée même en temps de guerre.
Deux éléments font que les célébrations de San Fermín à Pampelune soient l'une des plus anciennes du pays. D'une part, il y a les événements autour du saint, patron de Navarre. L'arrivée de reliques dans la capitale du royaume de Navarre au XIIe siècle se signala avec des fêtes. D’autre part il y avait deux foires commerciales. La première datant du XIIIe siècle avait lieu au début de la période estivale, tandis que la seconde datant du XIVe coïncidait avec la fête du saint, le 10 octobre. Grâce à cela, il se fit un lien énorme entre le sacré et le populaire, en particulier de l’élevage Il y avait donc déjà des corridas de taureaux.
En 1591 se produit l'union des deux festivités en une seule. Le consistoire demanda à l'évêché de déplacer les festivités de San Fermín le septième jour du septième mois, ce qui fut accordé. Ainsi, les Sanfermines se consolidèrent. L'accord n'a pas empêché le clergé et les villageois de s’affronter, car la partie sacrée était largement dépassée par la partie festive. Les "encierros" à l'époque était un événement nécessaire pour guider les animaux vers les endroits indiqués. Comme dans beaucoup d'autres endroits en Espagne, comme à Brihuega, ceux-ci furent instaurés comme une tradition indélébile. Cependant, ce n'est qu'en 1852 que l'itinéraire fut normalisé, lequel, à l’origine n'avait pas de coureurs.
D'autres coutumes comme le Txupinazo ou le Riau Riau datent du XXe siècle. Cependant il y eut bien des années sans Sanfermines vu l'âge de la célébration. Au XIX, les célébrations taurines furent suspendues 26 fois. En 1937 et 1938 pour la guerre civile, en 1978, le problème fut le rôle de la police qui causa la mort de Germán Rodríguez. Une balle dans la tête fut la cause. Des protestations sur la place de taureaux de Pampelune devinrent une émeute au cours de laquelle eut lieu cette mort. San Fermín fut annulé.
En 1997, le meurtre par le groupe terroriste ETA de Miguel Ángel Blanco mena à suspendre la fin des festivités. La réaction solidaire fut de rejoindre les manifestations silencieuses du reste du pays. On se souvient de l'image des jeunes mettant leurs foulards sur la porte de la mairie en hommage. Cependant, la réponse de la gauche abertzale fut de les brûler.
Avec la Semaine Sainte, les carnavals sont l'une des fêtes les plus populaires d'Espagne, ainsi que pour le reste de la planète. À la fin de l'hiver se déroule cette explosion festive qui, dans le contexte chrétien, suppose une préparation au confinement du Carême et de Pâques. L'origine semble être païenne, associée à des traditions gréco-latines telles que les festivités de Bacchus. Comme les Sanfermines, c’étaient un moment de tension entre le peuple et les autorités. Au mépris du décorum, le libertinage régnait à la grande horreur de l'église et de certains corps civils. Pourtant, ils ont survécu.
Bien que les carnavals et les mascarades soient fêtés dans tout le pays, il y en a deux plus importantes que les autres. Les deux ont surmonté les interdictions des dictatures du XXe siècle grâce à des astuces et mettant en évidence leurs éléments culturels. L'une est celle de Cadix, documentée depuis le XVIe siècle quoique certainement antérieure, quand les associations de carnaval attirent l'attention par leurs critiques sur le reste du monde. Chorales, troupes, chirigotas et groupes de trois à cinq personnes en sont les modalités. La première date de 1821 et les concours furent organisés au début du siècle dernier. L’autre est celui de Santa Cruz de Tenerife, dont il existe des traces confirmées depuis le XVIIIe siècle. Ils ont survécu aux vetos en devenant les " fêtes d'hiver ". Depuis la fin des années 1980 ils sont thématiques et le choix de leur reine est l'un des actes principaux.
Le dernier mercredi d'août est le moment où les tomates deviennent particulièrement importantes dans le monde. Il existe de nombreuses versions du début de cette fête, dont l’officielle (une blague de jeunes) : on raconte qu’en 1945, lors d'une procession de géants et de grosses têtes, des jeunes firent irruption au milieu de la rue et bousculèrent l'un des hommes déguisés. Lequel, aveugle, s’écrasa sur un étal de légumes et de tomates. Les tomates commencèrent à voler. Après avoir répété l'action pendant plus de dix ans malgré les obstacles de la police, elle fut interdite en 1957, une grosse tomate fut symboliquement enterrée. En 1959, la fête revint et depuis la popularité de la Tomatina de Buñol est devenue imparable.
Le festival le plus caractéristique de la ville de Séville est la Foire d'avril. Elle a lieu depuis le milieu du XIXe siècle, juste en 1847. Un an plus tôt, deux hommes d'affaires locaux proposèrent d'organiser une foire au bétail. Ce caractère resta intact pendant une dizaine d'années, mais se transforma rapidement en festivité. Des réduits pour animaux on passa sans tarder aux prédécesseurs des casetas actuelles. La gastronomie et la fête prenaient du poids chaque année.
Cette tendance se prolongea avec le temps jusqu'à ce que la composante commerciale disparaisse à la fin des années 1940. Ce n'est qu'en 1973 que la Foire déménagea de son ancien emplacement : la prairie de San Sebastián à sa situation actuelle de Los Remedios. Étroitement liée à la tauromachie il y a toujours d’importantes corridas dans la Maestranza. De nos jours elle dure une semaine, de préférence 14 jours après la Semaine Sainte (elle durait plus longtemps avant).
Quatre dates ont toujours fasciné l'humanité depuis son réveil. Les deux équinoxes de printemps et d'automne, lorsque le jour et la nuit ont la même durée. Les autres sont les solstices, le solstice d'hiver avec la nuit la plus longue et le solstice d'été avec le jour solaire le plus long. Liée à ce dernier, la fête de la Saint-Jean est apparue le 24 juin, trois jours après le solstice d'été. C'est une célébration principalement nocturne qui est célébrée selon le lieu la veille ou le jour dédié à Saint Jean. Ainsi, même si elle a des racines dans un passé plus éloigné, les célébrations datent de la période qui a suivi la domination arabe. Par conséquent, l'origine est médiévale.
Un amalgame de mythes préchrétiens et catholiques a émergé de différentes manières à travers le pays. Quoi qu'il en soit, le feu et les feux de joie sont un élément dans lequel tous coïncident, comme une veille. Des localités aussi disparates que La Corogne, Albacete ou Las Palmas de Gran Canaria s’illuminent de grands feux de joie. Brûler des effigies et des personnages est également courant, comme à Alicante, Olivenza ou Cadix.